Enregistré avec la fine fleur de la scène écossaise, le premier album d’Aaron Wright renoue avec la grande tradition d’une pop britannique ouverte d’esprit et ambitieuse.
Né au Canada mais grandi en Écosse, Aaron Wright est un songwriter âgé de seulement vingt-trois ans, et dont le ravissant premier album est sorti outre-Manche depuis déjà quelques semaines. Faisant suite à un premier EP paru en 2010 sous le nom d’Aaron Wright & The Aprils, cet essai inaugural produit par Francis MacDonald, batteur des inestimables Teenage Fanclub, voit également le jeune homme s’entourer de plusieurs membres de formations amies et incontournables de la scène écossaise telles que Belle & Sebastian et Camera Obscura.
Dans la grande tradition d’une pop anglaise de qualité supérieure, allant de Paul McCartney à Fyfe Dangerfield (que l’on préfère sans ses Guillemots), Aaron Wright et son groupe élaborent leurs remarquables compositions avec la passion et le savoir-faire d’artisans éclairés. On songera ainsi plusieurs fois, à l’écoute de ces chansons visiblement fâchées avec la hype et la modernité, au songwriting formidablement anachronique du trop méconnu John Cunningham.
Pop cuivrée (« Go on Yerself », « Crosses »), ballades au romantisme échevelé (« Middle Ground ») et timides incursions du côté du folk (« Say You Love Me Still », « Amateur Sleuth ») se mêlent ici en un ballet somptueusement orchestré, à la manière des grands disques pop millésimés années 70. Une époque où musique populaire et exigence de qualité étaient tout sauf incompatibles pour une génération d’auteurs en quête dans la fameuse pop-song parfaite. Aaron Wright est aujourd’hui à l’évidence l’un des plus talentueux héritiers de cette passionnante école de l’excellence anglo-saxonne.
La variété d’instruments (cordes, harmonica, piano ou même accordéon) utilisée par l’artiste pour arriver à ses fins dénote une ouverture d’esprit et une ambition qui ont depuis bien trop longtemps déserté les ondes britanniques. Puisse ce beau disque ouvertement radio friendly (les singles « Trampoline » et « I’ll Be Fine », « Origami Me » et son piano irrésistible) faire oublier, au moins pour un temps, la regrettable insignifiance de l’écrasante majorité des artistes qui squattent actuellement le haut des charts d’un pays dont la riche histoire musicale mériterait pourtant d’être traitée avec plus d’égard.