Mars Red Sky, voilà un nom qui sonne comme un film de science-fiction. Un nom évocateur donc à plus d’un titre. Les amateurs savaient qu’il s’agissait d’un groupe (selon moi) étrangement qualifié de stoner, en tout cas à la belle renommée live. Les autres auraient tort de ne pas se laisser happer par ce disque.
Sept titres, c’est ce qui suffit pour convaincre au trio composé de Jimmy à la basse, Benoît à la batterie et l’hyper-productif Julien Pras, qui jongle avec une facilité déconcertante entre son aventure solo, Victory Hall (hélas plus épisodiquement) et donc le poste de guitariste-chanteur de Mars Red Sky (j’espère que tu penses aussi à Calc, Julien). La réputation sonique du groupe n’est clairement pas usurpée. Production qui rend justice à la puissance des morceaux, déflagrations de la guitare et de ses pédales maltraitées qui s’accordent parfaitement avec la section basse-batterie à la précision d’enfer, et, par-dessus, le chant toujours aussi léger de Julien Pras. La sauce prend superbement : en même temps que les instruments assomment, les mélodies et le chant ont ce pouvoir apaisant, aérien qui rend donc le disque prenant d’un bout à l’autre. La démonstration de force ne se fait jamais au détriment des mélodies, d’une certaine forme… sinon pop, en tout cas accrocheuse. « Curse » en est la preuve, et possède sous ses abords de puissance brute une faculté à rentrer dans le crâne. On peut d’ailleurs dire la même chose de « Marble Sky » (avec Jimmy au chant) ou « Strong Reflection », qui ont fortement tendance à créer une bulle autour de l’auditeur, assommé par la puissance et le côté implacable de Mars Red Sky (je l’ai vécu en perdant mes lunettes de soleil sans m’en rendre compte pendant une écoute). La sensation se retrouve même sur le titre le plus calme de l’album, « Saddle Point », que l’on sent en osmose totale avec le lieu d’enregistrement du disque (dans un désert espagnol). Fort et subtil à la fois, Mars Red Sky a sous le coude un disque sans superflu, accrocheur – un premier essai réussi avec brio.