« When I’m with you nothing is sad » déclare Stanley Brinks, feu André Herman Düne, en ouverture de « Digs ». Cela s’adresse certainement à Clémence Freschard mais on pourrait le reprendre aisément à notre compte. Presque dix ans de fréquentation discographique, ça compte ! Surtout lorsqu’on dénombre dans les trois ou quatre disques par an. « Digs » et sa pochette dessinée représentant un chantier renvoient donc aux grands travaux que Stanley a décidé d’entreprendre : l’excavation de sentiments profonds enfouis par le biais de machines appelées chansons. Ici la machine à tuer les fascistes habituels laisse souvent la place au piano, ce qui donne un léger parfum suranné (mais agréable) de mélancolie sur tout le disque.
Il y a peu de chansons très gaies sur le disque et l’atmosphère générale est finalement assez fin de siècle prolongée (« Do It While You Can »). Stanley déplore sur la très Dylanienne « I Don’t Have Anything To Do » qu’il perd ses cheveux, ses dents mais que bon, « I don’t care cause I have you, it’s all the same ». Heureusement qu’il y a l’amour, donc. Et si Stanley a souvent envie de tout envoyer péter, ce serait plutôt à l’aide de bombes personnelles, créant des châteaux dans le ciel et des étincelles à base de sourires (« You Bomb »). Baader/Meinhoff version Peace & Love donc : on est rassurés. Sur « Yellow and Blue », Stanley donne le plus bel hommage possible aux Wave Pictures et aux Silver Jews avec une chanson étrange, surréaliste, voire à clés, avec hémistiche musical et cette contrebasse géniale dont il nous régale depuis quelques disques. Même s’il se sent bien et qu’il souhaite qu’on l’aime pour ce qu’il est (on l’adore, hein, sous toutes ses incarnations), j’aimerais bien entendre à nouveau les guitares électriques sombres, inquiètes, rageuses et partant un peu dans tous les sens des premiers Herman Düne. Disons rien qu’une fois.