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I Break Horses – Hearts

I Break Horses - HeartsPour celles et ceux que l’évolution de M83 vers des constructions toujours plus ambitieuses et grandiloquentes aura laissés sur le bord du chemin, rien de tel qu’une plongée dans les ambiances brumeuses de ce premier album du duo suédois I Break Horses. On imagine en effet que nos nouveaux amis partagent bien des influences avec le désormais Californien Anthony Gonzalez : My Bloody Valentine, le shoegazing, la dream-pop… Mais tandis que le musicien français distille aujourd’hui ses obsessions eighties adolescentes à travers des productions de plus en plus ouvertement orientées vers la quête d’un succès de masse (le pharaonique « Hurry Up, We’re Dreaming »), la paire scandinave compose elle avec discrétion la bande-son entêtante d’un rêve hivernal que l’on souhaiterait voir se prolonger à l’infini.

D’entrée, les tourbillons glacés de « Winter Beats » nous happent comme par magie. Claviers bourdonnants, vocaux éthérés et guitares chargées de reverb plantent le décor d’un album aérien et captivant qui rappelle avec bonheur l’époque où le label 4AD régnait sans partage sur la planète indie rock. Les huit titres suivants confirmeront la hauteur des débats : I Break Horses (qui, preuve indéniable de bon goût, tire son nom d’une chanson méconnue de Smog datant de 1996) figure à coup sûr parmi les principales révélations de l’année qui vient de s’achever. Énième réinvention d’un mouvement dont les principaux ambassadeurs furent en leur temps les inoubliables Slowdive, Jesus & Mary Chain ou le Ride vaporeux des débuts, la musique du duo de Stockholm ne se limite cependant jamais à un hommage trop révérencieux aux heures de gloire de la noisy pop atmosphérique. Un peu à la manière de celles de leurs lointains cousins américains de Beach House, les compositions de Maria Lindén et Fredrik Balck possèdent surtout une ossature suffisamment solide pour ne jamais sombrer dans le travers qui guette la plupart des artistes qui évoluent dans ce genre d’environnement cotonneux et hypnotique : le manque de substance. L’émotion n’est ici jamais sacrifiée au profit de la mise en scène, aussi travaillée et somptueuse soit elle.

L’écoute répétée de ce « Hearts » patiemment mis en oeuvre par le groupe durant trois longues années confirme, quelques semaines après la sortie du premier album des Anglais de Lanterns On The Lake (une autre révélation discrète à découvrir de toute urgence), l’excellent état de forme du label londonien Bella Union. Une véritable institution qui continue à remplir pleinement son rôle d’indispensable source de découvertes musicales.

I Break Horses – Hearts by Bella Union

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