Ces deux-là, difficile de les oublier. Ils donnent régulièrement de leurs nouvelles, reviennent comme les saisons ou comme la marée, distillant leurs petites galettes sonores comme autant de cartes postales depuis un monde amphibie et ouaté. Chaque nouveau disque est comme une chrysalide dans laquelle on prend plaisir à se lover. J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le bien que je pensais d’eux. Parfois, le mal aussi. C’est vrai que Tazio & Boy ne font pas dans le joyeux-joyeux. Ils seraient plutôt du genre à creuser toujours le même sillon mélancolique, utiliser la même palette de couleurs clair-obscur, peindre les mêmes ciels gris souris. Il faut s’y faire. Avec « Winter in a Room », leur nouveau disque à quatre mains, on retrouve tout l’univers engourdi du duo, des chansons intimes, comme des confidences soufflées à l’oreille, des mélodies faussement claustrophobes, une économie de moyens qui ne veut pas dire des arrangements au rabais. Loin s’en faut. Cet album entérine une mue amorcée sur le dernier disque de « Boy And The Echo Choir ». Moins de de comptines low-fi, plus de popsongs assumées, entre folk et slowcore, qu’un Elliott Smith ou un Swell auraient pu signer (« No Birds », « Sad Old Photograph », « Winter in a Room », « Lonely River », « Asunder »). C’est aussi un disque bi-polaire, où l’on reconnaît la patte de Tazio (chant chaud, guitare boisée, mélodies « enlevées ») et celle de Boy (voix éthérée, piano ou harmonium languissants). Deux sensibilités, deux manières d’écrire, distinctes et complémentaires, qui s’épanouissent dans l’art du climat et de la nuance.
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