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Løzninger – Moving Targets

Løzninger - Moving Targets

Quand vous écoutez sur iTunes le « Toxic EP », précédent enregistrement de Løzninger, le noble logiciel vous indique pour l’occasion un genre tout à fait inédit : Telescopic Følk. Autant vous dire que peu d’artistes peuvent se vanter d’une telle étiquette, qui n’est pas la plus transparente qui soit. Mais bizarrement, ça lui va comme un gant à Løzninger, cette classification d’un autre monde. Certes on est moins dépaysé quand on sait que cet électron libre de l’underground contemporain fut notamment membre du groupe masqué Oslø Telescøpic. Et que la lettre ø est devenue une marque de fabrique de l’artiste. Ah tiens d’ailleurs, Elektrisk Gønner, gang electro punk, c’est lui aussi. Allez savoir pourquoi, ces différents éléments glanés au fil de l’eau, me laissaient imaginer a priori pour Løzninger un univers difficile à appréhender, qui risquait d’être trop sophistiqué aux oreilles d’un amateur de choses simples. Mais non. Loin d’être évident, le paysage musical de Løzninger est pourtant assez accessible. Immédiatement et étrangement familier même. On décèle dans la voix ce même je-ne-sais-quoi de lancinant et confortable qu’on peut entendre aussi chez Beck par exemple, dans un genre tout à fait différent. Quoique… Derrière une fausse façade synthétique, c’est d’abord le côté rectiligne des morceaux, leur efficacité qui frappe. Et ce malgré une construction en montagnes russes, sachant enchaîner des nappes huileuses et calmes d’un côté, à de vraies explosions sonores de l’autre, avant bien souvent de revenir à la quiétude initiale. Cette empreinte structurelle se manifeste d’ailleurs autant à l’échelle des morceaux qu’à celle de l’album. Les cibles sont mouvantes, mais ne se dérobent jamais complètement. Si la structure sonore est dense, les textures riches, c’est un échafaudage subtil, dont la complexité touche à l’intime. Dans le genre, l’appropriation du « Toxic » de Britney Spears est particulièrement impressionnante. Ce serait faire une terrible injustice à la qualité globale de l’album que de le réduire à cet exercice périlleux, mais le Franco-Canadien s’en sort avec une telle classe ici, à des kilomètres des reprises doucereuses et fainéantes dont nos oreilles sont tristement rebattues généralement, qu’on croirait la chanson écrite par et pour lui. Là encore, c’est en grattant des couches de son et en multipliant les petits arrangements qui n’ont l’air de rien, mais font toute la différence, que Løzninger parvient à créer une atmosphère à portée d’oreille. Derrière leurs sophistications et leurs partitions chiadées, cette chanson comme le reste de l’album, s’offrent à l’auditeur en toute simplicité. Il n’a plus qu’à cueillir les fruits de cet assemblage aussi savamment élaboré qu’éminemment séduisant.

 

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