Loading...
Disques

Bowerbirds – The Clearing

Bowerbirds - The Clearing

Il y a quelques années, les Bowerbirds nous avaient livré un premier opus (« Hymns for a Dark Horse« ) relevant du miracle ; une petite chose d’apparence fragile qui puisait sa beauté dans une candeur rare, insufflant à leur musique la légèreté de l’évidence. S’ensuivit un deuxième album (« Upper Air ») pas réellement mauvais, mais franchement dispensable. Aujourd’hui, le couple Beth Tacular/Phil Moore nous revient avec l’inspiration des tout débuts, magnifiée par l’essence vitale qui a dû perler des heurts (séparation, maladie…) que la vie a mis sur leur chemin. Le résultat est tout bonnement divin : l’ingénuité est toujours palpable, mais avec une maîtrise et une assise qui ne laissent planer aucun doute quant aux réelles qualités du groupe, qu’on ne pourrait définitivement plus attribuer à la chance du débutant.

Avec « The Clearing », les Bowerbirds reviennent à l’essentiel et ouvrent grand la porte qu’ils avaient déjà entrebâillée, en enrichissant, en sus, le folk d’une palette de couleurs tout à fait singulière, une marque de fabrique qu’on pourrait presque qualifier de baroque, si du style on enlevait les artifices et les travers.

Bien qu’il ait été enregistré dans le prestigieux studio April Base (Bon Iver), l’album a su garder – et c’est heureux – la résonance « cabane du fond des bois », chère à notre couple ; la magie et l’âme des lieux ont parfaitement été véhiculées à travers une production sans faille, et le soin tout particulier qui a été apporté à l’esprit de sobriété entretient cette pureté qui étincelle d’autant plus, à la lumière des trouvailles venues s’y greffer.

Phil, lumineux, conduit toujours l’ensemble avec cette harmonie et cette douceur qui le caractérisent ; une formidable complicité le lie à sa douce et le savant mélange et/ou l’alternance des voix chapeautent cette musique habitée, que des arrangements sans prix portent au pinacle : à cette guitare (merci pour cette belle incursion africanisante sur « Hush ») jamais vaine, même dans ses moments plus classiques, se joignent les notes aériennes d’un piano et de violons fantomatiques ; des cuivres feutrés (« Death Wish »…), quelques crépitements et volutes électros, quelques bribes d’accordéon aussi, le tout auréolé de choeurs elfiques ; et que dire de l’apport majeur des percussions – aussi discrètes qu’indispensables – saupoudrées avec intelligence et une précision d’orfèvre. Certains moments suspendus (« Now We Hurry on ») vont jusqu’à rappeler la langueur des meilleurs Radiohead.

C’est avec plaisir que l’on dévore ce nouveau chapitre. D’aucuns écrivent des romans en couchant des mots sur le papier ; les Bowerbirds, eux, ont le don tout particulier d’écrire la romance à travers la musique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *