Les rendez-vous avec Soltero s’enchaînent et, avec « 1943 » comme avec les précédents, jamais on ne s’en lasse… Comment résister à ce flirt à la fois léger et profond, à cette mélancolie qui prend des airs primesautiers ? Si on se laisse parfois avoir par quelque dragueur du dimanche, brillantine dans les cheveux et exploits sur les lèvres, il faut bien avouer qu’on redoute bien souvent les lendemains qui déchantent.
Mais Tim Howard nous laisse sur notre petit nuage, toujours constant dans ses prouesses mélodiques, toujours prêt à s’attaquer au grand héritage de la pop des Beatles, des Beach Boys, de Pavement ou de Galaxie 500. A chaque rencontre, il nous ramène un bouquet de chansons colorées et parfumées. Non pas un bouquet de roses rouges (trop gros, trop voyant) mais quelques fleurs des champs harmonieusement choisies. Ecoutez « Mercenary Heart », très jolie pop song qui voit les guitares s’entrelacer de manière ludique ou « Rider Sho », son enthousiasme communicatif et sa nonchalance exemplaire ! Et comme à l’accoutumée, Soltero dose savamment les ambiances et les arrangements : « June » est délicieusement chaloupé, comme l’original et séduisant « Bobby O » ; « Enormous » fait monter quelques volutes psychédéliques quand « Teen Angel » (comme toute la fin de l’album) tamise habilement la lumière. Le tout est accompagné de nombreuses et chaleureuses guitares (en arpèges, cristallines, acoustique, en accompagnement, …) mais aussi de toutes sortes d’instruments que Tim Howard met dans sa cornue avec une science du mélange qui lui est propre. Et, avec « 1943 », on a beau le boire pour la sixième fois, le philtre Soltero fait toujours autant d’effet : de quoi nous faire garder (et pour longtemps encore on l’espère) notre cœur de midinette !