Dommage, c’est le mot qui traverse le plus souvent l’esprit à l’écoute de ce deuxième album de The Vaccines. Moins percutants que Arctic Monkeys, moins habités que The Horrors, les quatre londoniens ne manquent pourtant pas d’atouts et quelques titres fédérateurs (« Post Break-Up Sex », « Wetsuit ») leur ont d’ores et déjà permis de se faire une place de choix sur l’échiquier rock britannique. Dix-huit mois après un premier essai attachant, le groupe signe déjà son retour. Battre le fer tant qu’il est chaud, capitaliser sur ce qu’il reste d’une hype déjà bien essoufflée, voilà donc le triste sort réservé aux jeunes rockeurs d’aujourd’hui. Justin Young et sa troupe n’ayant pas le souffle productif d’un Alex Turner, inutile de dire qu’il serait tentant de les renvoyer en studio illico presto pour retravailler ce deuxième long format globalement bâclé et inabouti. Un constat d’autant plus frustrant qu’avec un peu plus de temps et d’application, ce disque aurait probablement pu être très bon.
Dommage, une fois encore, parce que les choses démarrent remarquablement bien sur « Come of Age ». « No Hope » ouvre en effet les hostilités de la plus belle des manières : sur cette pop-song nerveuse au refrain taillé pour les stades, The Vaccines font preuve d’une assurance crâneuse qui leur va somme toute plutôt bien. Oui, mais voilà, encore aurait-il fallu penser à écrire au moins une poignée d’autres chansons de cet acabit pour remplir un album qui se révélera vite longuet, voire même un poil ennuyeux. Passée cette entrée en matière réussie, les choses se gâtent en effet très vite. En dehors du très bon single « Teenage Icon », aidé par un slogan imparable (« I’m no teenage icon / I’m no Frankie Avalon »), et de quelques bonnes idées peu ou pas exploitées (les accents 60’s de « Aftershave Ocean », par exemple), difficile d’oublier le sentiment de déception générale. Leur « Ghost Town » à eux, pas exactement hantée par la même magie noire que celle des Specials, fait plutôt penser à ces cités anglaises sans charme dont on rêve de s’échapper au plus vite. Sûre de son fait et bien décidée à séduire les foules, la formation n’hésite pas à ralentir le tempo en fin de parcours (« Lonely World »), allant même jusqu’à se risquer sur le terrain glissant d’un pop-rock radiophonique pétri d’emphase, pour un résultat totalement mièvre et hors de propos.
À vouloir grandir trop vite, les garçons ont clairement perdu en route l’urgence et la candeur qui auraient pu faire d’eux une sorte de réponse anglaise tardive à la classe new-yorkaise de The Strokes. « What Did You Expect From the Vaccines? », interrogeait astucieusement le premier album du groupe. Pas forcément grand chose à vrai dire, mais quand même un peu plus que ce frustrant « Come of Age ».