Au début fut le Farfisa (avec un « s »). Projet au point de départ original, les Farfiza Sessions remettent ce clavier mythique, d’origine italienne mais très populaire dans le Nord, au centre de ces deux vinyles, qui brassent tous les styles avec brio. Ce premier volume fait la part belle au folk et à la pop.
A l’origine de ce projet, il y a le studio Noize Maker qui a sauvé de la disparition un Farfisa Partner 15. Vous êtes interpellés ? Visiblement, vous n’avez pas été les seuls, puisque les musiciens qui venaient enregistrer dans le studio l’étaient souvent, eux aussi. De fil en aiguille, à force de volonté humaine, de collaborations entre labels, les artistes volontaires décident d’enregistrer une chanson en utilisant l’instrument, ce fameux Farfisa. La plupart sont, comme le studio Noize Maker, basés dans le Nord. Découvertes au pluriel pour moi donc, avec d’un côté des groupes que je connais peu et un instrument… ben pareil pour l’instrument en fait.
Le mélange donne un disque totalement déroutant. Pluriel dans les styles, pluriel dans les ambiances et l’utilisation qui est faite de l’instrument. Des coups de coeur personnels, j’en ai. Dylan Municipal et son utilisation minimale du farfisa, avec voix désincarnée, texte cru et son grinçant, m’a ainsi beaucoup intrigué (ça parle d’adultère : « On a trompé l’ennui, puis elle t’a trompé, toi »). Louis Aguilar, qui a déjà eu une chronique chez nous, fait une utilisation plus ludique, genre fête foraine pour adultes sous Prozac : c’est très bien fait, il décroche la queue de Mickey pour son oeuvre (on peut en rapprocher le titre de Tall Paul Grundy, dépouillé sans excès). Plus classique, le titre de Kowalsky Must Die (« Olivia Meteor ») joue sur le terrain d’une pop sucrée, un peu barbe à papa : à déguster avec modération, pas comme le délicieux titre de Peru Peru (déjà repéré… oui, on a des rédacteurs basés là-haut), subtil et à la structure élaborée avec soin. Les derniers participants apportent quant à eux les dernières épices qui relèvent l’ensemble, avec du sucré (Amélie), du relevé (Gunther Carnival) et surtout cette impression qu’au-delà des différences des groupes se dégage une identité commune qui va plus loin que le farfisa, instrument malléable qui a été le point de départ de ce premier volume de découvertes, intrigant et séduisant.