J’aurais aimé trouver plein de formules jolies et passionnées pour vous décrire la musique de Domino_e. Mais je n’en ai pas vraiment, là maintenant. Pas de suite. Mais il y a des sensations qui ne trompent pas, des sons qui marquent, des atmosphères qui restent en mémoire rapidement. Domino_e m’a offert tout ça. La formule est simple, terriblement simple : deux personnes, David (Rayot, qui s’occupe du label Wooden Home Records) et Audrey, qui unissent leurs talents pour faire ces 11 titres, crus et sans artifices. La première artiste qui m’est venue à l’esprit est Shannon Wright, ce qui pour moi est un compliment, mais très vite, Domino_e laisse entrevoir d’autres sources d’inspiration. Toujours en filigrane, avec subtilité, afin de laisser place à sa propre personnalité en tant que groupe. L’enregistrement rend justice à ce choix et se met au diapason, car on entend tout, y compris les doigts qui glissent sur les cordes des guitares. Le chant se fait parfois fantomatique, en tout cas rarement mis en avant, mais c’est le bon choix pour souligner les mélodies qui laissent des traces. Plus ou moins profondes, selon leur âpreté, mais toujours précises et ciselées, qu’elles aient pour fonction de garder le titre en équilibre (« Close to Yr Deep Soul », « The Swimmer »), de le faire avancer avec force (« A Friend », délicieusement rugueux, « Brother », « Moon Valley » ou « Whsy » et ses guitares qui sonnent comme un immense plaisir) ou même de suspendre le temps avec grâce, le temps d’une respiration profonde et lumineuse (« Sitting on a Ballbearing », avec son xylophone et sa guitare acoustique est un des plus beaux moments du disque, « She’s Riding Horses »). Avec trois fois rien en apparence, mais une énorme envie de faire passer de l’émotion à chaque moment, Domino_e offre beaucoup. Un beau disque, de belles chansons, et une signature. A découvrir donc.
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