On est d’abord surpris d’observer que les Walkabouts n’ont jamais édité le moindre album live en presque trente ans de carrière. Le manque est donc à présent comblé par la publication de cet enregistrement d’un concert donné le 14 juillet dernier sur la scène du C-Club berlinois. La setlist se partage judicieusement entre des titres extraits du dernier opus de la formation folk-rock de Seattle, le très bon « Travels in the Dustland », et d’autres plus anciens sélectionnés dans sa discographie pléthorique. Les amateurs remarqueront que toutes les compositions interprétées ici sont signées du seul Chris Eckman. Les Américains n’ont donc pas cédé cette fois à leur penchant pour la reprise, un exercice dans lequel ils ont pourtant très souvent brillé et dont ils ont même tiré il y a vingt ans la matière d’un classique certifié, « Satisfied Mind », indémodable collection de relectures très personnelles de Gene Clark, The Carter Family ou encore Nick Cave.
Treize chansons sont au programme de ce moment privilégié en compagnie de musiciens qui n’ont jamais cessé d’étonner par une élégance et une sensibilité plutôt européennes, inévitablement en décalage avec les standards du courant americana. On retrouve avec un plaisir réel les admirables « Rebecca Wild », « Bordertown » ou l’ardent « Jack Candy », exécutés avec raffinement et virtuosité. Le trouble qui saisit dès les premiers accords de « The Light Will Stay On » rappelle celui que l’on connut à la première écoute du sommet « Devil’s Road » (1996) dont il est extrait. On prend tout autant la mesure de réussites plus récentes en redécouvrant les fervents « The Dustlands » ou « Long Drive in a Slow Machine », qui font plus que tenir la comparaison avec d’anciens titres pourtant beaucoup plus rodés. La réussite de « Berlin » est donc double. En plus de rappeler que le groupe continue de publier des disques tout à fait dignes d’intérêt, ce témoignage d’une prestation particulièrement cohérente incite à remonter sans tarder le fil d’une discographie passionnante.