Des rafales de mitraillettes à n’en plus finir, les cris perçants de femmes en panique, un synthé clinquant qui avance en crescendo, des chœurs guerriers, le tout à s’en déchirer les tympans. Et surtout, la voix éraillée et enragée d’un Gunplay qui rappe d’un seul souffle, comme si c’était son dernier jour. Que ceux qui pensaient que le rappeur avait atteint le summum de la brutalité avec Inglorious Bastard, en 2011, mangent leur chapeau. « Jump Out » est un titre de fou furieux, il va plus loin encore que tout ce que vous avez pu entendre.
Et le plus remarquable, c’est que d’autres titres sur Bogota Rich ne sont pas loin d’avoir la même force. C’est le cas de « M1 », nommé d’après une carabine, et qui, de fait, fait le même effet qu’une décharge en pleine poitrine, ou encore de l’arrogant « Fuck Shit In My Life » et du conclusif « God Damn ». C’est vrai aussi avec le tonitruant « Low Life » où, avec ses compères de Triple C, Gunplay se proclame lowlife, justement, où il met un point d’honneur à se présenter comme un gueux, comme une brute, comme un barbare des temps modernes.
Tel semble être d’ailleurs l’objectif ultime du rappeur, sa raison d’être, son parti-pris esthétique : gommer définitivement toute notion de finesse et de subtilité. C’est évident au niveau visuel, avec ces pochettes où, après avoir joué avec l’imagerie nazie, Gunplay exhibe des pelletées de cocaïne. C’est vrai aussi de la musique, clinquante, martiale, pétaradante, toute en cloches ou en synthés. C’est enfin le cas de ce flow viril qui vous saisit à la gorge, tellement prenant qu’il surpasse tout et que, quand des invités s’expriment, on n’attend avec impatience qu’une seule chose : le moment où Gunplay va reprendre le contrôle du micro.
Et le plus fort, dans tout cela, c’est que Bogota Rich n’est rien que la préquelle d’un premier véritable album, comme l’indique son sous-titre. « It’s just an appetizer », comme Gunplay le déclare en intro, un avant-goût, une mise-en-bouche. Et si vraiment cette mixtape véloce et remplie de testostérone n’est que cela, on n’ose pas imaginer à quoi ressemblera le produit fini, un Medellin très attendu, qui devrait sortir chez Def Jam en 2013.