The Coral étant actuellement en pause prolongée, les projets parallèles de ses membres semblent appelés à se succéder. Le batteur Ian Skelly a dégainé en toute fin d’année, et dans un anonymat regrettable, un premier disque solo sur lequel il travaillait depuis plusieurs années en marge des activités de sa formation principale. Œuvre nostalgique sans jamais sonner passéiste, « Cut From a Star » est une sorte de capsule sonique qui téléporte l’auditeur dans un éden pop situé à la fin des années 60. On se dit en effet que cet album pourrait bien être la production, tardivement exhumée, d’un obscur combo psyché britannique de l’époque. On vogue ici, la tête perdue dans des nuages colorés, entre le Pink Floyd de la période Syd Barrett (« Paper Sky », « Caterpillar ») et une pop-folk baroque héritière d’Arthur Lee (« Cut From a Star », « I See You »). Au-delà d’un travail sur le son en accord parfait avec ses penchants rétros (féru de techniques de production, Skelly a par exemple utilisé un enregistreur cassette vintage durant l’enregistrement), le garçon démontre ici qu’il n’a pas de leçon de composition à recevoir de ses compagnons d’aventure habituels : « Firebird » et sa mélodie assassine, digne d’une chute de studio du « White Album », ou le byrdsien « Time » ont bien l’envergure des meilleurs titres du groupe de Liverpool (mention spéciale à « D.N.A » et ses chœurs majestueux). On osera même avancer que les chansons présentées ici dépassent régulièrement en intensité celles de « Butterfly House », dernier opus coralien en date. Le plus grand mérite de ce joli florilège de pop kaléidoscopique est en définitive le même que celui qui a toujours rendu The Coral tellement fascinant : savoir rendre unique et indispensable, par le biais d’une écriture très au dessus de la moyenne, une musique pourtant ouvertement référencée. Une nouvelle preuve que les rives de la Mersey demeurent un terreau particulièrement fertile pour cette pop anglaise de haute volée.
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