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Disques

Mice Parade – Candela

Mice Parade - Candela

Depuis qu’on a posé les oreilles sur « Obrigado Saudade », Mice Parade est un de nos groupes cultes et il ne se passe pas, allez quoi, un trimestre ? sans qu’on se plonge avec délices dans les constructions savantes et organiques de l’ethno-post rock  de l’album « Mokoondi ». Un Gastr Del Sol latino, un Tortoise occupé autant à réfléchir qu’à danser, un tropicalisme répétitif, Steve Reich jazz-rock, il y a de tout cela et bien plus encore dans « Mokoondi ». Avec « Obrigado Saudade », Mice Parade prenait un virage pop, rétrécissait ses compositions et enrôlait même la voix fluette d’une jumelle islandaise de Mùm. Ensuite, on s’est un peu perdus dans des albums aux sons plus compacts, plus rock, très shoegaze. Il n’y avait plus que Berg Sans Nipple et Don Nino à pouvoir produire le même genre de magie que Mice Parade.

On est d’autant plus contents de découvrir ce « Candela » brûlant. Dès « Listen Hear », l’ambiance est donnée : la veine reste pop, les guitares ont des échos shoegaze et l’ensemble lorgne vers les envolées lyriques d’un Mount Eerie. On craint un peu de retrouver l’album « Bem-Vinda Vontade » qui nous avait déçus à l’époque mais on se prend rapidement les flots de « Currents » en pleine tronche : une production qui rappelle « Mokoondi » (batterie très live mise en avant) et une pop en poupée gigogne. On apprécie particulièrement le mélange des voix masculines (Adam Pierce lui-même) et féminines (Caroline Lufkin de Temporary Residence, après les guests de choix Laetitia Sadier et Kristin Anna Valtusdottir sur les précédents albums), les cavalcades de batterie (l’instrument phare de Mice Parade), les entrelacs de guitares et autres instruments à cordes chinés de par le monde par notre ethno-musicien préféré.

À ce titre, le sommet du disque, « The Chill House », combine tous ces éléments sur des nappes de claviers répétitifs. On se régale des cordes aigrelettes pincées, du souffle des amplis laissé sur l’enregistrement, des percus quasi frottées dans le lointain et on regrette, un peu, que par le passé, ce genre de morceaux se développait sur une bonne vingtaine de minutes.

« Candela », le titre, latino à souhait, est rythmé par le cajón, boîte de percu, marque de fabrique du son de Pierce, abandonné à la mi-morceau pour un jeu normal de batterie imposant sans être démonstratif, comme toujours, la marque des grands. Pas de doute, ça sera chouette de voir tout ça en concert. D’ailleurs c’est l’occasion de relire le compte-rendu du concert de Mice Parade en compagnie de Ty Fawning et Islands par mon éminent collègue, Christophe Despaux.

On se délectera des guitares en coulées de lave de « This River Has A Tide », rougeoyantes et comme toujours mises en valeur par de délicieux rehauts de claviers, ou encore des percus asymétriques de « Pretending ». Ce titre permet de nous rappeler, s’il est besoin, qu’avant Dirty Projectors, Mice Parade tenait le haut du pavé freak folk avec élégance, classe et intelligence.

« Las Gentes Interesantes », commence presque comme du jazz à la Mice Parade, vire à la ballade chaloupée puis finit comme du Astrud Gilberto post rock, sous perfu de Deep Purple.

« Contessa », nous prend entre sa basse et sa batterie, bordées d’une guitare réverbérée un peu inquiétante puis vire en salsa intime avec cuivres et tout le toutim. Une sacrée batucada quoi, totalement bancale avec le chant feutré et pointu de la demoiselle.

« Warm Hand In Narnia » termine le disque en quelques accords de guitares héroïques (réverb à fond dans la grotte) des ondulations de claviers et une batterie aux cymbales appuyées. Un peu show off mais c’est aussi ça qui est bon.

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