Qu’on le veuille ou non, difficile de ne pas considérer un nouvel album d’Edwyn Collins à l’aune des épreuves traversées, déjà présentes en filigrane et converties dans la belle énergie du tonique et justement acclamé « Losing Sleep ». Cela avec le support de quelques pointures, total respect en bandoulière, au hasard Johnny Marr et Alex Kapranos. Trois ans après, ces derniers ne sont plus présents, mais Barrie Cadogan, Paul Cook et Dave Ruffy restent fidèles au poste, rejoints notamment par James Walbourne, guitariste attitré d’un certain Ray Davies.
Mais, au-delà des changements de personnel, c’est toujours la même dynamique qui prévaut. Scot Pop, Rock et Soul en étendard, Edwyn veut dire et se dire qu’il est bien vivant (« I Now Feel Alive, I Now Feel Reborn » sur « Forsooth »), et nous le faire entendre aussi. En témoignent ces morceaux pleins de sève, de « Carry On, Carry On » au revigorant « Too Bad (That’s Sad) », en passant par un ravageur et rageur « In the Now ». Les deux premiers étant, par ailleurs, assez représentatifs d’une inclinaison Soul plus prononcée, ainsi que le plus langoureux « Baby Jean ».
Et s’il clame haut et fort « vivre dans l’instant », cela ne l’empêche pas de jeter aussi un regard sur sa vie de musicien (l’excellent « 31 Years » – of Rock’n Roll, bien sûr) ou sur sa prime jeunesse en tant que graphiste (« Understated »). Sans qu’il soit question de sombrer dans une nostalgie superflue ou dans l’auto-apitoiement, mais plutôt d’y puiser encore et toujours des forces nouvelles et des raisons d’avancer. Alors, certes, il est sans doute diminué, et ne s’en cache pas (« Just Understand I’ve Lost Some Ground » sur l’émouvant » Down the Line »), et en tendant l’oreille, on perçoit parfois l’effort dans sa voix.
Mais peu importe finalement, c’est sans doute sa façon de gérer : ne rien renier des bonnes ou mauvaises choses du passé, tout en faisant preuve d’une générosité décuplée et en refusant une quelconque indulgence. La question ne se pose d’ailleurs pas puisque, vous l’avez compris, il offre ici une digne suite à « Losing Sleep », et à son œuvre en général. Ce qui n’est pas peu dire, quand même.