Cet album n’est pas exactement une nouveauté, étant déjà sorti et disponible en import il y a un an. Une seconde chance pas exactement volée, quand on considère la belle tenue de l’objet. Jesse Marchant, l’homme derrière JBM, parvient tout le long à garder le fil d’une certaine beauté tamisée, qui, allez, évoquerait bien un feu de camp dans la neige (petite précision, notre homme est Canadien), sans qu’on ressente le besoin de hurler pour autant au cliché.
Le résultat est calme sans être mollasson, mélancolique mais pas excessivement sombre et finalement plutôt simple et direct dans l’art de poser un climat. Dans un ensemble de chansons uniforme au premier abord, JBM réussit à varier les couleurs et à renouveler l’attrait en essaimant juste ce qu’il faut d’ornementations, alternant guitares, pedal steel ou piano, qui viennent soutenir idéalement sa voix tamisée et claire.
Des instants de spleen, il y en a bien sûr. Parfois sobre et retenu (« Ferry », magnifique ouverture délicatement atmosphérique, « Forests » et ses beaux arpèges de guitares), parfois plus rêveur (« Winter Ghosts »), il peut se faire aussi plus prégnant (« Thames, le plus dramatique « Moonwatcher »).
Mais, on s’en étonne presque, nul besoin de sombrer dans la dépression pour se lover dans les plis de ce disque, d’autant que Jesse Marchant a la bonne idée de poser des respirations bienvenues, avec le plus électrique « Only Now », et des pauses folk plus sereines (« You Always Keep Around », « Crooked Branches »), qui sont loin d’être des temps faibles. Offrant ainsi une œuvre qui à défaut de changer votre vie, fera une digne compagne des instants contemplatifs de nos prochains hivers. A nous donner (presque) envie de les prolonger.