The National est de ces groupes que l’on garde toujours en tête, dont on repose fréquemment l’un des albums sur la platine et qui malgré des débuts en catimini, a constamment su acquérir d’avantage de notoriété en restant fidèle à lui-même, ne chassant pas sur des terres trop lointaines.
Etant parmi ses fidèles depuis longtemps maintenant, c’est avec une certaine impatience que je guettais la sortie de ce sixième opus, « Trouble Will Find Me ».
Dès les premières notes, je me doute que rien ne bouge au pays de The National et que je vais passer un très bon moment en compagnie de Matt Berninger au chant et des frères Dessner et Devendorf pour l’instrumentation. »I Should Live In Salt » m’embaume et m’emporte déjà dans une douce ballade acoustique, bientôt transpercée par la voix si reconnaissable de Matt. « Demons » durcit à peine le ton, comme pour mieux capitonner mes tympans et les rappeler aux bons souvenirs de « High Violet ». Commence alors la longue cavalcade « Don’t Swallow The Cap », menée tambours battants par Bryan Devendorf, toutes baguettes dehors, soutenant le flot tendu de Matt, un grand classique de The National, si à l’aise dans ce qui constitue une véritable signature du groupe (« Graceless », « Sea of Love »).
Les chansons s’enchaînent, je les aime, mais un sentiment de « déjà vu » s’empare peu à peu de moi. Certes les ballades sont émouvantes (« Heavenfaced », « Slipped »), la voix de Matt toujours aussi impeccable, mais ça sent le renfermé, et un peu d’air frais ferait du bien à tous les occupants. Alors pour le prochain, au risque de décevoir les plus fidèles, pourquoi ne pas finalement, prendre une route inconnue, vers des terres lointaines, très lointaines, et nous revenir changé, car je vous l’assure, les ennuis s’y perdront peut-être, sur cette nouvelle route.