Il aurait été dommage de passer à côté de Bumpkin Island ; leur premier album, « Ten Thousand Nights » montre même une belle maturité, que l’on a du mal à coincer entre les parois trop étriquées (et un peu passées de mode, il faut bien l’avouer) du post-rock. Le collectif à géométrie variable, emmené par Glenn Besnard, ne cache pas ses influences anglo-saxonnes (comme l’indique son nom, référence directe à une île située au large de Boston) et maritimes. Pour ce rock ample, qui sait de manière subtile faire monter la pression atmosphérique et passer d’une béatitude anticyclonique à une dépression (o)rageuse, le groupe s’est adjoint les services de Birgir Jòn Birgisson (qui a notamment collaboré avec Sigùr Ros ). Mais l’on devine aussi, à l’écoute des morceaux, des influences plus diverses : l’ombre des Tindersticks ou de Calexico quand une trompette vient (magnifiquement) accompagner la montée en puissance de « Alone » ou quand des cordes somptueuses viennent accompagner les morceaux ; des soupçons de trip-hop, plutôt sur la fin de l’album (« Hummingbird », « Immunity of Great Days « ) ou les souvenirs d’une pop sophistiquée (Prefab Sprout, …) sur quelques morceaux comme « The Drift ». Car si Bumpkin Island soigne la forme, le collectif n’oublie jamais les mélodies, très bien portées par les chœurs (la plupart des musiciens chantent) et par les voix des deux chanteuses : des morceaux comme « The Lake » ou plus encore « His Steps » atteignent quelques sommets que l’on croyait jusque là peu compatibles avec l’étendue de l’océan. « Ten Thousand Nights » nous offre neuf beaux morceaux pour dériver, avec vents et marées, d’un continent à l’autre.