Depuis le temps, on voit un peu Laura Veirs comme notre grande sœur ; une sœur qui aurait pris le large bien avant nous : la liberté, le vent, l’Amérique, le soleil qu’elle célèbre dans « Sun Song », cette chanson incroyablement lumineuse qui débute l’album. Car une fois encore, depuis que l’on a découvert la chanteuse en 2004, avec le superbe « Carbon Glacier », celle-ci ne nous déçoit pas : la grande sœur force l’admiration, avec ses chansons d’une qualité constante, cette voix qui porte tant d’enthousiasme et de sincérité et les instrumentations de plus en plus fines de Tucker Martine, son compagnon et producteur. Celui-ci se sert de la trame (« Weft » en anglais) des chansons pour peindre des paysages musicaux presque impressionnistes – sur « Sun Song », le caractère léger et estival de la chanson est accompagné de guitares grondantes, comme un orage lointain qui, pour le moment, ne nous menace pas – superbe tableau !
Dans ce « Warp and Weft », peut-être plus que sur les albums précédents, si la chanteuse reste fidèle à son genre de prédilection (un folk aux mélodies pop et sucrées), Laura Veirs fait preuve d’un certain éclectisme : du rock franc du collier (« Say Darlin Say » et plus encore « That Alice », qui évoque la jazzwoman Alice Coltrane), des petites pincées de transes chamaniques (« Ghosts of Louisville », la fin de « Sadako Folding Cranes »), ou encore du free jazz sur le morceau final, « White Cherry ». Mais, rassurons les lecteurs, la dominante pop-folk est bien présente et l’on écoute cet album au titre étrange (comment le traduire ? La chaîne et la trame ? *) avec le même plaisir que celui avec lequel on écoutait les albums précédents.