Avec pas moins de cinq albums au compteur, les Soft Hearted Scientists sont tout sauf de nouveaux venus. Totalement inconnue dans nos contrées, et probablement pas beaucoup plus célèbre sur ses propres terres, la formation de Cardiff trace son propre sillon depuis une bonne décennie, à l’écart des modes éphémères et des courants les plus porteurs. A l’heure où Syd Barrett, Kevin Ayers et quelques autres cerveaux enfumés de la scène psyché britannique font figure de références privilégiées dans le petit monde de la pop moderne, on se prend soudain à rêver que ces Gallois surdoués trouvent enfin le chemin d’une reconnaissance amplement méritée.
Deux ans après le brillant “Wandermoon”, Nathan Hall et sa tribu de magiciens reviennent avec ce qui s’impose sans hésitation comme leur disque le plus solide et abouti. “False Lights” dessine, en 14 titres d’une cohérence absolue, un véritable best of du pop-folk britannique le plus excentrique, le plus audacieux : les amoureux de Gorky’s Zygotic Mynci (“Trees in the Wind”), des Super Furry Animals (“Golgotha”) ou du Beta Band des débuts (“Seaside Sid and the Giant Squid”) trouveront ici de quoi agrémenter leurs longues soirées d’hiver, et bien plus encore. Si les Soft Hearted Scientists ont toujours été de fabuleux alchimistes sonores, parvenant à modeler à l’envi une matière pop à laquelle ils ne souhaitent visiblement fixer aucune limite, l’accent a cette fois porté sur l’écriture. Il en résulte une collection de titres concis et accrocheurs, portés par une vigueur mélodique insoupçonnée.
Tour à tour enjouée et résolument optimiste (“Seeing” et son banjo enchanteur, “Song From the River”) ou plus hypnotique (“False Lights”, “Halloween People”) la musique des Gallois s’inspire avec un bonheur égal de la country, de la pop psychédélique ou encore du folk progressif. Introduction idéale à l’univers d’un groupe aussi passionnant que méconnu, “False Lights” mériterait de figurer en bonne place dans les traditionnels bilans de fin d’année. On peut toujours rêver.