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Disques

Chris Eckman – Harney County

Chris Eckman - Harney County

D’un désert à l’autre… La dernière fois que nous l’avions croisé, Chris Eckman tenait le rôle de producteur pour « Chatma », troisième long format du groupe touareg Tamikrest. Le voilà aujourd’hui qui enfile à nouveau ses habits de songwriter, pour une fascinante évocation des grandes étendues du Far West. Ce sont plus spécifiquement les paysages époustouflants du Conté d’Harney, dans l’Oregon, qui ont inspiré au leader des Walkabouts les huit titres de ce nouvel essai. Chris Eckman explique avoir d’abord envisagé ce disque comme une sorte de version dub du mythique « Nebraska ». Bien que le résultat final ne soit pas totalement conforme à son intention de départ, on décèlera bien ici et là quelques analogies avec le chef-d’oeuvre crépusculaire de Bruce Springsteen. De « Nothing Left to Hate » à « Ghosts Along the Border », l’album revêt ainsi des allures de road trip à travers des plaines désertiques tout juste jalonnées de quelques bourgades fantomatiques. Créées, pour la plupart, au moment où le compositeur planchait sur le dernier album en date des Walkabouts (« Travels in the Dustand », 2011), les desert songs obsédantes d’ »Harney County » décrivent avec justesse les sentiments ambivalents nés de la découverte d’une région où une nature à la fois belle et brutale continue de rythmer chaque mesure de la vie quotidienne. Avec un minimum d’effets, la musique de l’Américain brille une nouvelle fois par son étonnante capacité à suggérer, sans forcer le trait, une multitude d’images et d’impressions. Capturées en duo avec le contrebassiste Ziga Golob dans un studio pragois, les compositions d’ »Harney County » n’accueillent certes qu’une toute petite poignée d’invités (Anda, la femme d’Eckman, aux choeurs sur deux titres, la guitare électrique de Paul Austin sur « The Carnival Smoke »…). Loin de tout remplissage, l’apport de chacun de ces rares protagonistes est cependant décisif. Nous retiendrons en particulier une mémorable intervention de Terry Lee Hale et son harmonica troublant, sur un « Many Moons » à faire se pâmer les admirateurs de Neil Young. En arrivant au terme de ce périple de toute beauté, une certitude s’impose : quelle que soit la prochaine destination retenue par Chris Eckman, nous tenons absolument à être du voyage.

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