Après la réussite discrète de « New Sensations », « Mistrial » marque un peu le pas : Lou Reed, qui avait mis au point un son qui lui allait comme un gant, s’amuse ici à flirter avec les tendances de certains heavy-métalleux de l’époque (on le sait, il ne s’arrêtera pas là, mais finalement, depuis « Rock ‘n’ Roll Animal » et ses guitares toutes griffes dehors, c’est plutôt une constante chez lui). Un son plus discutable donc, avec guitares heavy ou funky et basses qui slappent, et globalement des chansons un peu moins enthousiasmantes que sur le disque précédent : si le chanteur veut un mauvais procès (c’est ce qu’il demande sur la chanson titre), on peut lui en faire un !
Mais finalement, si le début du disque déçoit (à l’image d’ « Outside », sur lequel Lou Reed se parodie lui-même), à mesure qu’il avance, on trouve des chansons plus solides : en fin de première face, « Video Violence », batterie synthétique, chœurs un rien hautain & guitares toutes en électricité, nous chauffe à blanc. Pour l’anecdote, on jettera une oreille à l’étonnant et très funky « The Original Wrapper » sur lequel, dans son phrasé, Reed n’est pas loin du hip-hop. Avec « Mama’s Got a Lover », on retrouve le Lou Reed classique, aux paroles ici franchement drôles et à l’énergie plutôt communicative. « Mistrial » est plutôt un album de transition donc, ni franchement mauvais, ni réellement enthousiasmant dans son ensemble… Mais Lou Reed ne tardera pas à sortir de sa besace une bien meilleure cartouche.