Il est des noms que l’on se communique comme des mots de passe, des codes entre initiés. Mehdi Zannad en fait partie. Depuis l’aube des années 2000, sous son nom ou celui de Fugu, il a littéralement enchanté la pop française, par de magnifiques mais (à notre goût) trop rares disques, obsédé par sa quête de la chanson pop idéale. Le dernier album en date, « Fugue », remonte à 2011 et l’on attendait avec une grande fébrilité la suite des aventures de Monsieur Z.
Mehdi revient donc avec un EP (fabriqué avec la complicité de Jérôme Echenoz) qui tourne autour d’un des titres phares de « Fugue », « L’Aéroport », bombe sonore à la mélodie fatale et qui bénéficie de la présence de l’impeccable April March. Initialement prévu comme le deuxième extrait de l’album en 2011, la vie en a décidé autrement et Mehdi Zannad a voulu reprendre l’histoire où elle avait été arrêtée.
On retrouve donc dans cet EP, « l’Aéroport » dans sa version album, mais également dans une version plus dream pop avec Julia Jean-Baptiste, et une autre, acoustique et magnifique, avec Juliette Paquereau. Cette déclinaison du morceau permet d’en percevoir la grande beauté mélodique et son immense subtilité.
Trois titres s’adjoignent à cette variation sur le thème aérien : la très réussie « Oh Sarah », à la guitare twangy et aux ambiances sixties assez proches de celle des albums de Bertrand Burgalat ; l’électro-pop de « L’Allemagne » et la symphonie de poche semi-instrumentale « La Paresse », qui bénéficie d’arrangements somptueux et nous rappelle la passion de Mehdi Zannad pour la pop orchestrale des sixties (The Beach Boys, The Beatles et The Left Banke en tête). 22 petites minutes qui nous remplissent de bonheur tout en nous faisant attendre le retour en fanfare de ce surdoué pop, par le biais d’un nouvel album que l’on sait déjà, par avance, de très haute volée.