Emmanuel Tugny, diplomate mais aussi écrivain et musicien continue à m’intriguer. Quand j’ai découvert à l’époque “Une fille pop”, la rencontre avec son univers aux sons chauds teintés d’une écriture ciselée avait été une belle surprise. Sur “Les Variétés”, le curseur du plaisir est encore un peu plus haut. Communicative, cette générosité dans l’instrumentation, avec des cuivres qui se glissent avec évidence sur certains titres avant de s’effacer pour des cordes et une section rythmique tout en élégance dresse un canevas qui laisse Emmanuel Tugny dérouler ses histoires. S’il ne rechigne pas à mettre à l’honneur de glorieux aînés, de George Harrison à… Julien Clerc ou Apollinaire, sa plume personnelle n’a pas à rougir. Cela va sembler cliché, mais enregistré en partie au Brésil, le disque semble avoir été imprégné d’une douceur de vivre tropicale, qui n’exclut pas le romantisme de la nuit (“Café sous la lune”), la mélancolie (“L’appartenance”, « Sonnet de la belle cordière », « Vitam impendore amori ») ou la chaleur de monter (« Un amour »). Il y a des cuivres, des choeurs, une production qui met en lumière cette profusion, faisant de ces seize titres un moment délectable, qui met en lumière une personnalité singulière, qui a le coeur pop et sait l’ouvrir (« Le Sel », « Genova per noi », « On the Sunny Side of the Street »). Emmanuel Tugny et son Lady Guaiba’s Band ne surjouent pas, il en émane plutôt une belle complicité, un hédonisme un peu enivrant, qui fait tourner la tête mais le sourire aux lèvres. La vue est belle, la nuit prometteuse, les nuances de celle-ci innombrables : pourquoi ne pas se laisser tenter ?
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