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Disques

Let’s Wrestle – S/T

Let's Wrestle - S/T

Avec son nom emprunté à un comic book de David Shrigley, Let’s Wrestle donnait jusqu’ici l’image d’une formation vaguement brouillonne, se situant quelque part dans le sillage des premiers travaux d’Art Brut. Cette fois-ci, exit Steve Albini, préposé à la production de « Nursing Home » (2011), au profit de Rory Atwell (Male Bonding, Vaccines…) pour un troisième album qui, dès son titre, dévoile des intentions plus personnelles. Ici, le groupe mené par Wesley Patrick Gonzalez (voix, guitare) se débarrasse de ses manières d’adolescent indiscipliné, pour adopter une attitude plus mesurée, plus adulte aussi.

On pourra regretter le grain de folie qui alimentait le propos de la bande à ses débuts mais, si Let’s Wrestle a gagné en maturité, il n’en a pas moins conservé un léger penchant pour l’exubérance. Moins exclusivement focalisée sur ses obsessions américaines (le slacker-rock US en général et Pavement en particulier) qu’au temps de ses premiers babils, la troupe signe ici un grand disque dont le charme typiquement anglais semble hérité directement des Kinks. Prenant pour toile de fond le quartier londonien d’Hackney, Gonzalez se réinvente en chroniqueur du quotidien façon Ray Davies. Son storytelling « so british », servi à la sauce indie-rock, rappelle aussi parfois les chansons au grand cœur de Darren Hayman (Hefner). Comme ses talentueux aînés, Let’s Wrestle célèbre les noces chahutées de l’électricité revêche et de la mélodie caressante, laissant désormais cette dernière se tailler la part du lion.

Mettant clairement au jour des qualités d’écriture seulement entraperçues jusqu’alors, Gonzalez livre une fabuleuse collection de chansons pop classiques et fièrement racées. S’il charrie son lot de refrains dignes de l’âge d’or de la britpop (« Rain Ruins Revolution », « Opium Den », « Pull Through You » en duo avec Roxanne Clifford de Veronica Falls), l’album introduit aussi par moments une tension et une gravité inédites, accentuées par l’entrée en jeu de cordes discrètes (« Codeine and Marshmallows », « Wrexham Aluminium », « Irish Sea »). Sur « Care For You », c’est un numéro de cuivres espiègles qui vient souligner les nouvelles orientations choisies par ces jeunes gens en pleine progression. En se positionnant comme un groupe pop de premier plan, Let’s Wrestle entre de plain-pied dans l’âge adulte.

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