S’il n’est pas le compositeur pop le plus célèbre d’Ecosse, David Scott n’en est pas moins l’un des plus doués. Seul membre permanent des Pearlfishers depuis le début des années 90, le bonhomme reste un secret bien gardé, de ceux dont le nom ne circule qu’entre une petite poignée d’initiés. Sept ans après « Up With the Larks », le voilà de retour avec un disque copieusement garni. Au programme, pas moins de 16 titres et 67 minutes pour un album aux allures d’odyssée pop sophistiquée et divinement arrangée. Abondance de biens ne nuit pas, dit le proverbe, et cette belle réalisation en fournit la preuve éclatante. Après tout, pourquoi déplorer une telle profusion de morceaux, dès lors que l’artiste ne mégote absolument pas sur la qualité?
Dans la veine des High LLamas de Sean O’Hagan, ou bien encore de son camarade de label Brent Cash, Scott semble avoir fait vœu de perpétuer la magie des œuvres de Brian Wilson ou Burt Bacharach. Conscient comme eux que les plus belles mélodies méritent les écrins les plus luxueux, le Glaswégien ne néglige ainsi aucun détail, enrobant ses chansons de cordes somptueuses et d’harmonies vocales idylliques. Meneur de jeu flamboyant, David Scott connaît également les vertus du jeu collectif. Il sait ainsi ouvrir les portes de sa belle demeure, partageant l’écriture le temps de deux titres pleins de charme. Amy Allison signe à ses côtés le nostalgique « Chasing All the Good Days Down », mais c’est surtout sa collaboration avec Erin Moran (A Girl Called Eddy), sur la ballade « I Don’t Want To Know About It », qui emporte l’adhésion.
Le reste est à l’avenant, véritable leçon de savoir-faire mélodique. « Diamanda », qui ouvre le bal sur une irrésistible injonction à profiter des beaux jours avant qu’ils ne s’évanouissent (« It’s a beautiful day, so get out of bed… »), pourrait ainsi servir de mètre-étalon à tous ceux qui cherchent encore la recette de la chanson pop parfaite. L’humeur peut ensuite se faire plus songeuse (« To the Northland »), ou plus badine (les évidents « Silly Bird » et « You Can’t Escape the Way You Feel »), rien ici ne semble pouvoir obscurcir l’horizon azuré de notre bienfaiteur. Musicien érudit, Scott rappelle aussi que son champ d’action ne se limite pas au traditionnel exercice couplet-refrain. Il emboîte ainsi le pas d’Ennio Morricone le temps d' »Attacked By Moutain Cats », courte pièce instrumentale digne d’une partition cachée du maestro transalpin.
Passionnant voyage musical dont chacune des étapes réserve son lot de surprises et d’enchantement, « Open Up Your Colouring Book » rassure donc au final sur l’état de la création pop en 2014. A l’heure du zapping incessant et de l’écoute en mode aléatoire, il est bon de constater que certains croient encore en la primauté du bon vieux concept d’album. Et s’il fallait n’en écouter qu’un seul cette année, ce pourrait bien être celui-ci.
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