Depuis « Boss » des Magik Markers, la lettrée Elisa Ambrogio figure en pôle position dans mon panthéon personnel. Son mélange de sauvagerie furieuse et de douceur angélique me confond et me laisse coi. Même si elle est capable du meilleur comme du pire sur scène et sur disque, au moins elle laisse place à l’inattendu. J’avais déjà été plus qu’enthousiaste pour son duo d’amour avec Ben, Six Organs of Admittance, Chasny « 200 years » alors que dire d’un album solo ? Si « 200 years » était la part folk, « The Immoralist » explore la part pop d’Elisa. Voix mise en avant, mélodies (très, très) simples sur une guitare électrique janséniste. Pas de déflagrations, pas de bruits… comme ossature mais la furie est quand même présente, en arrière fond, pour des ambiances (très) bruitistes. Pour faire court, « The Immoralist » est un disque de sunshine pop dans le brouillard glacé. « Mary perfectly » avec ses (superbes) guitares garage vintage stridentes ressuscite les Spacemen 3 en mode rachitique, « Far from Home » ressemble à du Mazzy Star sans après-shampoing et « Stopped clocks » à de la no wave mal embouchée, « Fever Sealed Yes Forever » quant à elle joue les intermèdes buffet-froid à la Nico.
On apprécie surtout « Superstitious », hymne d’amour minimal sous tranxène 500, clippé par la copine de Galac’ Naomi Yang :
L’ombre du Velvet plane partout avec cette acidité des aigus même si elle est bien maltraitée, décharnée, avec les 60ies comme horizon passé à la moulinette du post-tout.
Il reste un peu de Magik Markers dans tout de désert pop : une « Kylie » maltraitée avec un violon calien, un « Comers » plus violent avec bruits blancs.
Au moment, de conclure on est quand même bien embêtés de dire que malgré toute notre sympathie, on est moyennement convaincu par cette pop tripotée : les gratouillages et autres agaceries ont tout pour nous plaire, la voix est jolie, bien réverbérée mais l’ensemble laisse un peu de glace (le côté « White Light White Heat » à tout bout de champ) dans le trop systématique grand écart.