C’est vrai, l’album est loin d’être parfait. Mais attendons-nous vraiment d’un disque de rock qu’il soit irréprochable ? Enregistré avec des musiciens recrutés par petites annonces sur Facebook, le nouveau Carl Barât ne suffira pas, on s’en doute, à convaincre ceux que les frasques des Libertines & co. ont toujours laissé de marbre. Pourtant, nous avons ici affaire à un beau disque de rock anglais « à l’ancienne », sans grand enjeu, mais d’une évidente sincérité.
Titre d’ouverture clairement inspiré des Clash, « Glory Days » (coécrit avec Benjamin Biolay) est du niveau des singles que Barât et Doherty produisaient à la chaîne du temps de leur splendeur. Des chansons de cet acabit, on en trouve une belle poignée sur ce « Let It Reign » mis en boîte par Joby Ford (The Bronx), relançant enfin une machine que l’on pouvait croire définitivement grippée. Comme le signe d’un nécessaire retour aux sources, l’ombre de Joe Strummer et ses comparses plane de nouveau sur les tentatives les plus punks (« Summer in the Trenches », « Gears »), bien que notre homme sache aussi faire montre d’une élégance remarquable (la section de cordes sur « Beginning to See », la délicatesse de « Let it Rain » en conclusion).
Le troisième album des Libertines, censé voir le jour l’année prochaine, suscite déjà autant d’attente que de circonspection. L’hypothétique retour en grâce des enfants terribles du rock britannique, s’il s’inscrit dans la lignée de ce disque solide et combatif, pourrait alors devenir réalité.