Au début, il y avait le groupe Thousand and Bramier. Quelques albums, dont le magnifique « Go Typhoon! » sorti en 2008 et des concerts en pagaille dans lesquels élégance musicale et perfection mélodique étaient toujours invitées. Ensuite, Stéphane Milochevitch (Milo pour les intimes) était devenu le batteur (à moustache) des excellents H-Burns et Syd Matters. Le même goût de la perfection, la même classe, au service des meilleurs des groupes français chantant en anglais. A la même période, Thousand est réapparu, sans Bramier, un album sorti en toute discrétion, quelques concerts, puis une apparition dans un film de Christophe Honoré (« Les Bien-Aimés ») dans lequel son personnage (lui même) séduit Chiara Mastroianni (encore une fois élégance et grande classe) en chantant » Who Do You Love ».
L’année dernière, on l’avait croisé (entre autre), sur une des scènes du festival YEAH!, pour une prestation impeccable en compagnie de son alter ego O (Olivier Marguerit), prestation assurée dans des conditions assez difficiles (petite scène à l’heure de l’apéro). Il y avait eu aussi l’excellent EP « Tous les jours« … On n’attendait plus qu’un nouvel album, celui qui pourrait faire sortir Milo de l’ombre. Je dois avouer que, personnellement, j’ai rarement autant attendu un album… Une telle attente s’accompagne souvent d’une déception à égale hauteur. Pourtant, depuis que j’ai reçu cet album, je ne peux arrêter de l’écouter. Les premiers jours, pour ne pas dire les premières semaines, il était même assez compliqué pour moi d’écouter autre chose, tant la comparaison était peu flatteuse pour toutes ces autres choses.
« Thousand », l’album, est tout simplement sublime. La construction de chacun de ses titres, ses mélodies folk pop (parfois presque disco), sont lumineuses, imparables et immédiates. L’enchaînement des douze titres est tout aussi savant. « The Flying Pyramid » vous attrape dès ses premières notes sautillantes de guitare. « The Kill » vous enveloppe dans des nappes aussi étranges que dansantes. « To Dance in a Circle of Fire » finit de vous happer avec ses allants toujours plus pop. « The Wave », ballade folk à double sens, fait légèrement redescendre la tension avant que « Eden » ne relance la machine de la danse. « A Swallow » est sans aucun doute une des chansons les plus emblématiques de l’album : tout y est, des harmonies vocales aux mélodies de guitare savantes, en passant par des effets de voix électro-rétro ou les chœurs un peu cul cul (mais tellement bien vus). « The Break of Day » est un peu aussi le « break » de l’album : plaisante, avec un refrain entêtant, mais un xylophone (ou un instrument ressemblant) dont je suis loin d’être fan. C’est sans doute voulu de la part de Thousand, c’est certainement un coup monté, une stratégie, pour nous amener en douceur vers « Song of Abdication », titre sublime, hymne pop parfait, de ceux qu’on n’écoute quasiment jamais une seule fois, de ceux qu’on a envie de remettre au début quand il se termine. On le découvre ici dans une version beaucoup plus produite que sur l’EP sorti l’année dernière, plus pêchue aussi, et toujours aussi jouissive.
Difficile d’enchaîner après ce titre. Pourtant, la suite de l’album ne déçoit pas. « The Sea The Mountain The Ghost » revient aux bases folk et à une simplicité apparente. Tout comme le début (le début seulement) de « The Dark », qui finit en s’élevant vers des sommets, ceux de la perfect-pop-song (au même niveau que « Song of Abdication »). Encore un tube, tout comme « Where the Bluebird Flies » qui clôt l’album… Un titre, qui cette fois donne envie de remettre l’album au début, de le réécouter une fois de plus, et de ne plus rien écouter d’autre. On y arrive, je vous rassure, mais c’est assez difficile. Il faut du temps, et du talent aux autres pour faire passer l’envie d’écouter en boucle cet album magique !