Avec « Tamer Animals« , porté par l’immense « For 12 » et son clip interstellaire, Other Lives avait publié l’un des grands albums de 2011. Un disque foudroyant, fort de ses envolées folk et d’une rare richesse instrumentale. Après un premier essai confidentiel et éponyme en 2009, le groupe originaire de l’Oklahoma avait donc fort logiquement recueilli succès critique et admiration de ses (illustres) pairs, au premier rang desquels Thom Yorke et ses acolytes de Radiohead qu’ils accompagneront sur scène lors d’une tournée américaine en 2012.
Après une telle réussite, l’équation est d’expérience difficile à résoudre. D’aucuns auraient sans doute cherché à reproduire la formule de « Tamer Animals », avec à la clé un ou plusieurs hits possibles. Il n’en est rien ici, et force est de constater qu’avec « Rituals », les Américains célestes poursuivent ce qui ressemble de plus en plus à une échappée belle, à l’écart des hypes momentanées comme de toute récupération mainstream. Appuyé par Joey Waronker à la production (Eels, Atoms For Peace), les trois membres du groupe ont patiemment construit « Rituals » en studio pendant 18 mois et accumulé pas moins de 60 morceaux.
Moins immédiat mais aussi plus long et complexe, « Rituals » ne contient certes pas de titres phares comme son prédecesseur même si les magnifiques « New Fog » ou « 2 Pyramids » pourraient jouer ce rôle. Ses quatorze titres, souvent en forme de montagnes russes, méritent pourtant que l’on s’y attarde et qu’on y revienne longuement, pour en apprécier la richesse musicale proprement inouïe. Other Lives joue plus libre que jamais, poussant plus loin sa quête instrumentale (voix et chœurs souvent entremêlés, cordes enveloppantes, piano et percussions variées), quitte à briser les conventions classiques couplet-refrain. « Beat Primal » ou « Untitled » explorent ainsi une veine plus expérimentale mais toujours riche en émotions.
D’un « Fair Weather » au crescendo fiévreux à un « Ritual » qui fait fondre voix et cordes avec une ampleur rare, Other Lives invite au voyage autant qu’à l’introspection. La réussite est totale.