La discographie de Robert Pollard s’apparente à un flot ininterrompu de sorties plus ou moins mémorables, parmi lesquelles il est très facile de se perdre. S’il a de nouveau refermé le dossier Guided by Voices à l’automne dernier, le vétéran lo-fi ne lève pas pour autant le pied en termes de productivité. En bon stakhanoviste, l’oncle Bob continue donc de tracer sa route en privilégiant les itinéraires bis, écrivant sa propre légende sans se soucier des agendas contraignants du business musical. Quelques semaines après la première embardée de son projet Ricked Wicky (« I Sell the Circus »), le voilà de nouveau à l’œuvre sous son propre nom et avec la complicité des fidèles Todd Tobias (basse, guitare, claviers, production) et Kevin March (batterie). L’artificier de Dayton a placé son 21ème album solo sous le signe de la spontanéité et de l’efficacité. « Faulty Superheroes » expose ainsi un portrait concis et homogène de Robert Pollard, sous les éternelles influences conjuguées des Who, des Beatles ou du R.E.M. des débuts. Les pépites college-rock aux contours incertains sont évidemment de la partie (« What a Man », « Faster the Great », « Up Up and Up »), de ravissants ovnis réussissent à s’intercaler (« The Real Wilderness ») et le tout s’achève en mode débranché (« Perikeet Vista »), sans que l’on ait vu le temps passer. Au final, ces douze nouveaux titres s’apprécient sans véritable surprise, mais l’endurance du personnage suscite toujours autant d’admiration. Le superhéros de l’indie-rock US, c’est lui.