C’est par la grâce d’un premier album des plus réussis que j’ai connu Tom McRae, qui avait alors confirmé, avant de quitter mon champ musical. Je ne sais plus exactement ce qui m’a fait décrocher, mais ce nouveau disque, que j’ai presque découvert par hasard, montre que l’Anglais a encore de belles choses à faire entendre. Un septième disque, ça commence en effet à compter, et il est d’autant plus appréciable de constater que c’est aussi synonyme de second souffle.
Accompagné d’un groupe (The Standing Band), Tom McRae n’évite pas de signer une ballade sensible en solo, portée par un sens toujours intact pour la mélodie (“Let Me Grow Old With You”), mais c’est bien quand il insère de la noirceur dans son folk que le songwriter convainc le plus. Ouvert par un martial “The High Life”, avec son violoncelle aux cordes pincées et cette batterie implacable, le disque ne laissait de toute façon pas de doute sur l’atmosphère générale, ce qui se confirme malgré une alternance entre ces temps sombres et quelques passages plus sereins. “Christmas Eve, 1943” amène un peu de gospel dans ses choeurs finaux, “My Desert Bride” un peu de country, là où “The Dogs Never Sleep”, “Expecting the Rain” ou “We Are the Mark” se construisent sur des montées en puissance portées par une électricité dans l’atmosphère. Toute la réussite du disque tient sans doute dans l’équilibre parfait entre ces différentes facettes, qui se complètent naturellement, avec une vraie richesse instrumentale qui couvre manifestement toutes les envies du songwriter (un peu de violons tendance Balkans sur “What a Way to Win a War”, du banjo disséminé un peu partout), qui boucle la boucle sur “Hey Tim, Hey Arnie” en un ultime titre folk. “It’s a pleasure to be here” nous dit-il sur ce titre : ce plaisir est inconditionnellement partagé.