Young M.A, jusqu’ici, n’a pas sorti grand chose. Elle n’a proposé qu’une poignée de titres originaux, et s’est focalisée pour l’essentiel sur des freestyles. C’est d’ailleurs l’un d’eux qui l’a mise en orbite. Construit sur le beat du « Chiraq » de Nicki Minaj et Lil Herb, interprété avec verve avec ses compères du RedLyfe PainGang (Rell Markz, LA Danger), et renommé d’après le quartier d’où la rappeuse est issue, « Brooklyn » a connu un important succès viral, grâce auquel la New-yorkaise a intégré le label historique Duck Down Music. Une signature somme toute logique, pour une jeune femme qui perpétue un rap à l’ancienne, hardi, viril et intimidant.
Sorti en mars 2015, M.A The Mixtape, n’est pas vraiment son premier grand projet. Celui-ci, une mixtape intitulée Sleep Walking (laquelle devrait être suivie par un album appelé Herstory), n’a pas encore vu le jour, bien qu’il ait été prévu à l’origine pour cet été. En attendant, il faudra donc se contenter de ce qui n’est qu’une compilation de ses rares vrais morceaux, suivis par des freestyles sur quelques tubes et titres marquants de ces derniers temps, le « Danny Glover » de Young Thug, le « Hot Nigga » de Bobby Shmurda, le « Levels » de Meek Mill, le « OG Bobby Johnson » de Que, le « 6 God » de Drake, et quelques autres encore.
Les beats de ces morceaux ont tous fait leur preuve, et Young M.A cartonne dessus. Sans surprise, donc, c’est bien. Cependant, plus encourageant encore, les titres originaux se montrent pas mal non plus. Certains sont avant tout un moyen pour la rappeuse d’étaler son bagout et son aisance au micro, comme « Bod Bag ». Mais d’autres sont plus posés et jouent de la corde sensible, comme « Dear Bro », et le très mélodique « Girlfriend ». Ce dernier, à peu de choses près, aurait pu n’être qu’une chanson d’amour auto-tuné de plus, une nouvelle bluette gangsta anodine et simplette, s’il n’avait pas la particularité de s’adresser de femme à femme.
Son homosexualité, Young M.A la proclame à d’autres reprises, mais la plupart du temps sur un registre moins tendre que celui de « Girlfriend ». Sur les freestyles, elle s’adresse aux bitches et aux hoes avec le vocabulaire cru et dominateur dont usent les rappeurs mâles quand ils parlent de sexe. Sa posture de garçonne gangsta, dont l’agilité verbale n’a rien à envier à ses pairs masculins, est l’un de ses grands attraits, d’ailleurs. Mais il y a plus que cela, comme l’indiquent ces très bons titres que sont le percutant « Act’n Up », le bel exercice de storytelling de « Plottin' », et ce tube qu’est « No Trust ». Tous augurent du meilleur, et ils pourraient donner raison aux mots lancés par Young M.A en ouverture de « Pain » : « beaucoup de ces niggers ne savent pas qui je suis, mais ils vont bientôt le découvrir ».