La dernière image que j’avais de Gérald Kurdian avant d’écouter ce disque, c’était une image Skype lors d’un concert en “duplex” avec Chapelier Fou. Aussi connu, et justement remarqué pour son projet This Is Hello Monster!, le Français se met en première ligne et c’est sous son nom et en français qu’il signe “Icosaèdre”.
En géométrie, un icosaèdre est un solide à 20 faces exactement, et ce disque semble bien mériter ce nom, tant il offre de reflets différents, à la fois très familiers et parfois déroutants. Bien entouré pour la réalisation de cet EP, avec Guillaume Jaoul et Chapelier Fou, Gérald Kurdian a su faire appel avec l’exact dosage au violon du second, tout en gardant toute latitude pour peindre une atmosphère qui lui est propre. Aux textes soignés, empreints d’un lyrisme qui n’empêche jamais la dynamique des mots, s’ajoute une forme libre, qui dessine une pop synthétique aux contours évolutifs, qui change parfois comme un ciel d’orage (le bien nommé “Les Cieux”). La musique du Français sait aussi se faire virevoltante le temps d’une balade en bord de mer (“La Mer du Nord”), plus ample (“Les Solides”) ou rester en suspension sur “L’Âge” ou “Rien de mon vivant”. Et même quand il flirte avec le folktronica le plus malmené (“Les Plaines immobiles”), le Français garde admirablement le cap, celui qui doit le mener à un album cette année, mais nous permet d’ores et déjà de goûter à une expression aussi riche que singulière.