En passant sans effort du minimalisme au maximalisme et de la fragilité à la robustesse avec une maîtrise qui force le respect, le singulier et prometteur Glabs tient toutes les promesses contenues dans l’artwork de son premier et brillant EP.
C’est fou ce qu’un visuel relatif à du contenu musical peut décider l’auditeur à pénétrer (ou non) dans l’univers de l’artiste concerné… C’est encore plus fou lorsque la musique du dit artiste semble parfaitement coller à l’artwork en question, et ce dès les premières notes. Que peut donc bien se cacher derrière la photo à effet savamment déchiré d’un trentenaire (probablement apaisé) aux yeux mi-clos et qu’on devine torse-nu ? Un énième Woodkid ? Assurément, la réponse est non.
En cinq titres, le mystérieux Glabs, chanteur et multi-instrumentiste français qui assure absolument toutes les parties sur son premier EP, emmène son auditoire sur un chemin faussement évident et parfois sinueux mais tellement agréable et envoûtant qu’il est impossible de vouloir quitter l’embarcation. Si «Here I Go» peut évoquer Active Child et «Stealing Tomorrow» le Yann Tiersen maximaliste des années Mute (son courageux virage à 90° minimum depuis 2010), «Star Rocker» fera sans doute couler autant d’encre que de larmes avec sa mélodie résignée, soulignée par des chœurs chargés de mélancolie, situés quelque part entre All We Are et Father John Misty.
Pour clore cette première livraison en beauté, «One Night» se pose naturellement en suite logique de «Star Rocker» tandis que «Someday», avec son introduction en trompe-l’oreille, fera réagir les aficionados d’Elliott Smith, même si cette mise à nu très lo-fi à la gratte, si chère au défunt songwriter, finit par laisser place à une rythmique électronique syncopée qui s’avère être l’une des marques de fabrique du touche-à-tout à fleur de peau.