“Jetaimemonamourlavieestbelle” : un plaidoyer, un cri du cœur ? Peut-être que ce titre prend sa source dans les difficultés qu’a rencontrées le groupe, signant sur une maison de disques, puis reprenant sa liberté car dans l’impossibilité de sortir l’album pourtant fini. Bengale a gardé treize des titres enregistrés et les pose sur ce premier disque, sorti juste avant l’été et dont l’originalité ne s’est pas essoufflée depuis.
Dense, l’album l’est assurément, et Bengale oscille avec bonheur entre des racines hip-hop françaises, un peu de pop, le tout enrobé par un vrai sens du rythme. Chaque chanson a son propre tempo, et si l’initial « Açores » est long, clôturé par une longue partie de guitare funky à souhait, il ne donne pas forcément des indices probants pour la suite.
Le rythme chaloupé de “Suburb” ou “Jetaimemonamourlaveestbelle”, le caractère espiègle de “Manhattan”, plus onirique (“Le Dernier Tramway”, “Pomme”) ou engagé (“Electric City”) sont autant de facettes du groupe que conduisent Romain Sanderre à la guitare et Mickaël Gachet au micro. La plume de ce dernier s’adapte parfaitement à la simplicité de son chant, permettant de donner des inflexions changeantes aux chansons, toujours riches en idées (synthés, touches de disco, funk ou de hip-hop), qui peuvent même s’aventurer sur des terres plus blues (“Delta”, une belle réussite qui referme l’album avec une guitare slide). Impeccablement produit, généreux sans trop se disperser, il brille aussi bien par ses textes ciselés que par ses mélodies, preuve d’un talent singulier. Ce premier jalon discographique, qui en appelle d’autres rapidement, est un bel acte de (re)naissance.