Toujours cachés derrière des masques tribaux, le collectif Goat continue de nous jouer sa musique lysergique mais change un peu la donne avec « Requiem », un nouveau disque plus acoustique qu’à l’accoutumé.
Personne ne peut nier une certaine fascination face aux disques de Goat. La musique de ces suédois n’est pas sans rappeler les grandes heures du Krautrock, en particulier « Schwingungen » d’Ash Ra Tempel, leur concert est un spectacle total construit sur un groove qui emporte tout sur son passage et dont les psychotropes se font immédiatement sentir en regardant certains membres se trémousser avec leurs masques tribaux et autres costumes traditionnels africains. Mais après trois albums plutôt électriques – dont un live qui restitue assez bien l’ambiance folle de leurs performances scéniques – Goat débranche certains amplis pour privilégier un son plus acoustique mais dont les tribulations restent chargées en narcotique.
On ne sait quel rituel païen a bien pu être utilisé pour composer cette musique, ni quelles contrées ont été traversées pour capturer ces atmosphères – le Mali ? Le Chili ? L’île de Summerisle ? – mais ce n’est pas trop grave, tant ces compositions se révèlent toujours autant tripantes, tout en évoquant certains arrangements des Sun City Girls. On y entend des tambourins, des flûtes et même du violon, des riffs de guitares acoustiques hypnotiques, une basse toujours aussi profonde et, enfin, un peu de fuzz sur le bien nommé « Goatfuzz ».
Si « Alarms » et « Try my robe » font office de singles grâce à leurs mélodies immédiates, il ne faut pas négliger le reste du disque, plus tribal, qui tient autant de fracas célestes que du voyage dans l’hyperespace. A écouter en buvant du thé vert tout en regardant brûler l’immense statue de l’Homme-osier.