Où l’on retrouve un artiste bien trop rare mais ô combien attachant avec un nouveau disque de chansons pop-folk envoûtantes, au goût d’aventure.
Je ne sais trop si comme moi, vous conservez en mémoire vos lectures d’enfant, celles de Jack London ou de Jules Verne, ces petits quelque chose qui font le goût de nos passés. Marc Morvan, lui ne l’a pas oublié. Lui dont la musique avec ou sans le violoncelliste Benjamin Jarry a toujours été traversée de références littéraires. On n’est pas prêt d’oublier « Udolpho » ou encore « Ophelia », parfaite charnière entre James Yorkston, Stephin Merritt, Nick Drake et les orchestres de chambre de Simon Jeffes avec le Penguin Cafe Orchestra.
Alliant avec maestria les nuances de la mélancolie et une certaine forme d’académisme pop, Marc Morvan n’en oublie pas pour autant de noyer le poisson et de brouiller le sillage de la baleine blanche avec parfois des leurres bruitistes, parfois des emprunts à la musique folklorique d’irlande.
Il se dégage de ces dix titres un apaisement bienvenu, grâce particulièrement au violoncelle indispensable de Benjamin Jarry qui occupe l’espace avec une évidente volonté harmonique. »The Offshore Pirate » est une œuvre immédiate, elle s’impose presque sans que l’on s’en rende compte. De « Battlefield » à « Heart of Stone », on retrouve ce charme suranné des chansonnettes qui restaient dans nos oreilles dans ces vieux films des années 50.
On pourrait qualifier la musique de Marc Morvan de folk de chambre et l’on se tromperait pas. Ceux qui ont été déçus par « Foreverland », le petit dernier de Neil Hannon, trouveront sans doute leur compte dans ce disque des Nantais. Pourtant, malgrè toutes ces références, malgré l’omniprésence de la langue anglaise dans le projet, il y a quelque chose de totalement français dans « The Offshore Pirate ». Peut-être cette vision cinématographique du détail, de l’infiniment petit : il suffir par exemple de se laisser porter par l’empathique « Broken Girl »
Bien sûr, on y croise les mêmes tropismes pour une tristesse souriante, celle que l’on rencontre chez Piers Faccini comme sur « Summer Flowers » et ses arrangements de cordes lunatiques.
On est aussi quelques-uns à ne pas s’être remis de « Here Be Monsters », le premier disque insurpassable d’Ed Harcourt : des merveilles comme « Garden Of Eden » en saisissent le charme, ce folk sans frontière aux images en noir et blanc.
Les titres de « The Offshore Pirate » sont souvent au bord du vide, de l’anecdote, quelque part entre le futile et le rêveur. On sent d’ailleurs tout au long de ce disque un cousinage avec James Yorkston, King Creosote ou le très beau disque en solo de Justin Sullivan, « Navigating by the Stars ». On y retrouve les restes d’autres envies à travers des déflagrations soniques comme la chute de « Rest Home » ou la construction patiente de « Venerable Trees ».
« The Offshore Pirate » occupera vos nuits, vos errances le long des sentiers, au ras des falaises, au milieu des oiseaux de mer.