Écrit dans un contexte personnel riche en bouleversements (un divorce à l’aube de la quarantaine, la naissance imminente d’un enfant), le sixième album de Tift Merritt mériterait de placer enfin sur le devant de la scène cette héroïne discrète du courant americana. Subtilement co-produit par Sam Beam d’Iron & Wine, qui confirme ici son attrait pour la gent féminine, dans la foulée d’une collaboration particulièrement fructueuse avec Jesca Hoop, « Stitch of the World » fait se succéder des ballades à cœur ouvert (« Icarus », le poignant « My Boat ») et des mid-tempos country-rock plus prévisibles (« Dusty Old Man », « Proclamation Blues »), s’inscrivant ainsi directement dans le sillage des plus grandes dames du folk nord-américain (Joni Mitchell, Emmylou Harris ou Lucinda Williams).
Pour l’occasion, la chanteuse-songwritrice de Caroline du Nord, aperçue dans le passé aux côtés d’Andrew Bird ou bien de MC Taylor (Hiss Golden Messenger), a réuni autour d’elle un casting de musiciens de tout premier choix, parmi lesquels on retrouve le grand Marc Ribot à la guitare, le batteur Jay Bellerose (Steve Earle, Aimee Mann…) et le joueur de pedal steel Eric Heywood (Son Volt, The Jayhawks…). Il fallait bien de telles pointures de la scène alt-country pour servir au plus juste des compositions qui comptent parmi les plus mémorables d’une carrière entamée il y a une quinzaine d’années, et que ces dix titres trop vite passés nous invitent à explorer dans le détail.