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Disques

Dominique Dalcan – Tempérance

Dominique Dalcan - Temperance
Aprés « Hirundo » en 2014 qui marquait le grand retour de Dominique Dalcan après neuf ans d’absence, le voici qui revient avec une œuvre plus dépouillée, à la fois acoustique et électronique.
 

Aussi fou et aussi ingrat que cela puisse paraître, Dominique Dalcan sera sans doute un parfait inconnu pour certains mais ceux qui le connaissent, du moins sa discographie, eux savent. Ils savent que ce monsieur, il y a un peu plus de 20 ans a, à la fois, révolutionné la Pop avec « Cannibale » en 1994 mais aussi fait figure de pionnier de ce que l’on n’appelait pas encore la French Touch avec son projet électronique Snooze. Longtemps, on a pensé que Dalcan, comme quelques autres comme lui, resteraient aux abonnés absents, on avait même peut-être fini par se faire à l’idée. Parfois, alors que « Brian » résonnait dans le transistor, on se plaisait à l’imaginer composant, travaillant jusqu’à l’épuisement de son inspiration de nouveaux titres. On le savait ambitieux dans le sens noble du terme, maniaque jusqu’au bout des notes. Et puis presque sans prévenir, il est revenu avec ce « Hirundo », longue gestation et belle collection de chansons comme des détails ou des excuses de son absence et de sa disparition. Dominique Dalcan prolongeait avec ce « Hirundo » la même veine proposée sur « Cannibale » ou encore avant « Entre l’étoile et le carré ». 

Avec « Tempérance », il tente une œuvre de synthèse, quelque chose qui viendrait calmer la schizophrénie de son rapport à la composition, réussir à allier sa tendance bicéphale entre Pop et Electro. Déjà avec Snooze et « Americana » qu’il présente comme une forme de country électronique, il tentait cette combinaison. 

Avec « Tempérance », c’est un peu autre chose. On sent plus chez lui la volonté de faire sonner un instrument électronique ou une machine comme quelque chose d’organique et d’acoustique. On se rappelle sur « Sahara Blue » de sa collaboration avec Hector Zazou, Ryuivhi Sakamoto et David Sylvian, on n’est finalement pas très loin de ces territoires-là. Par contre, il ne faut pas trop s’habituer à une émotion ressentie sur un titre car Dalcan joue avec les cassures et les dissonances, une forme de bourdon. Prenez « Cold Is The Ground » et ses structures ambivalentes, sa basse presque R’N’B et son atonalité clinique.

Un autre Dominique parlait du bruit blanc de l’été, Dominique Dalcan nous fait percevoir le bruit du frisson sur le cyclothymique « Small Black Piece Of Field ». On y perçoit quelques craquements, quelques ossatures dénudées avec cette simplicité apparente qui apporte du contraste et met encore plus en valeur les jeux avec la matière. Cette montée de cordes, la voix tremblante de Dalcan. On retrouve dans ce disque cette science du silence de Mark Hollis, de Tim Hecker ou d’un David Sylvian. 

Dominique Dalcan fait assurément partie de ces compositeurs qui parviennent à créer des paysages comme des corps qui frémissent. Avec « Your Body Is A Territory », il joue avec une sensualité perturbée. On connaissait son goût pour le Scott Walker orchestral, on découvre aussi son affection possible pour le Scott Walker plus expérimental. Plus récemment, on pensera aux pistes empruntées par Youth Lagoon sur son second disque.

« Tempérance » rappelle bien sûr le Snooze d’antan mais comme James Blake, l’électro façon Dalcan d’aujourd’hui se tourne vers quelque chose de plus contemplatif, moins un travail sur la rythmique comme sur « Roads & Rivers » ou « Take Shekter » quand « Never Get Me Back » propose peut-être la piste la plus accessible du disque avec son clin d’oeil à Burt Bacharach. Ne voyez pas pour autant dans « Tempérance » un disque âpre. C’est même peut-être tout à fait l’inverse mais comme les grands disques, cela se gagne. Et quand cela se gagne, on est irradié, terrassé par « Is It Over ».

Après « Hirundo », ne peut-on pas dire de cette « Tempérance » qu’elle ressemble en tout point à une nouvelle renaissance ? C’est tout le bien et encore un peu plus que l’on souhaite à Dominique Dalcan.

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