Le retour du trop rare Erik Arnaud est pour nous la raison principale de l’achat de de ce tryptique du label Monopsone, 3eps#2, autour des belles photos de Stephane Merveille. D’abord parce que « Comment je vis », ce concentré de mal-être chanté en français armé de l’agilité et de la puissance de l’indie rock américain, enregistré avec la complicité de Monte Vallier de Swell est de ce genre de disque dont on ne se remet pas mais qu’on remet souvent sur la platine, ne serait-ce que pour ces parties de batterie, Shellaciennes, et ces basses lourdes tellement peu présentes sur les productions françaises.
Ce « Golden Homme » reprend les choses là où Erik les avait laissé rangées dans « L’Armure », un peu plus pop, un peu plus lumineux, du moins en apparence, très pince-sans-rire (peut-être vous arrive t-il, à vous aussi, de chantonner parfois sous la douche cette guillerette chanson de suicide, « Abigael » ?).
« Golden Homme », le titre, très rock électronique, est à placer à côté du terrible et inoubliable « Cheval » qui ouvrait « L’Armure », chanson hyper pop donc, très classe moyenne, du Zazie qui aurait été élevée en banlieue ou dans les métros pourris (voire pire, en province) et biberonnée à la variétoche au berceau et à la pop anglaise et l’indie rock à l’adolescence. Il y a de la beauté aussi qui peut émerger de cet improblable mélange (que nous partageons avec lui) et celui qui reprenait élégamment « Vies Monotones » de Manset (avec un léger chevrotement dans la voix à la Johnny H, Claude F : je ne donne pas de noms) relit « Tous les Cris les SOS » de Balavoine et c’est bien chouette : une simple guitare folk tendue à souhait, un peu de réverb sur la voix c’est tout ce qu’il faut pour se réapproprier un peu de notre adolescence. Nostalgie n’a qu’à bien se tenir.
On conclut la première face avec humour et sa démo, bien sale comme il se doit, datée de 1996 de « Ma chanson Française » qui égratigne le Panthéon d’ici et referme le grand écart des états d’âmes d’Erik.
« Golden Femme », pendant de « Golden Homme », poppy à souhait est plein d’humour : un soupçon de parler-chanter Gainsbourgien, un peu de vocoder de saison (« Aimez-moi du bout des lèvres » !), une guitare Smithienne (lacérée de temps en temps par une autre plus acérée), un vague relent de mélodie qui trainait sur « Rue de Parme ». Comme toujours, Erik utilise les effets miroir et les décalages en bon cinéphile (on pense à Fassbinder ou à Ferrara auquel Erik a rendu un bel hommage avec son « Richard Cordoba », là encore, un titre désopilant, qui appartient à mon répertoire de chansons sous la pluie de la douche).
« Lover’s Split », reprise tout en douceur de Broken Social Scene qu’on attendait pas là, avouons-le, équilibre la présence de Daniel sur l’autre face, tout comme la demo de « Comment je vis » de 2001 qui permet d’apprécier des paroles alternatives à ce micro-tube j’m’en Footix qu’on croyait connaître par coeur et qui reprend soudainement une nouvelle vie.
Voilà c’est plein d’humour, intelligent et trop rare.