Aux côtés des attachants Yuck, Hooton Tennis Club ou encore Splashh, Happyness fait partie d’une jeune génération de musiciens anglais dont les influences sont assez clairement à chercher du côté d’un rock américain souvent qualifié de « slacker » dans les années 90. Élevés dans le crépitement des disques de Pavement, Sebadoh, Guided By Voices et même Sparklehorse, plutôt que dans une perpétuation stérile de l’héritage britpop, ces trois jeunes sujets de la Couronne (Ash Cooper, Benji Compston et Jonny EE Allan) se sont révélés au monde en 2014 avec « Weird Little Birthday », un premier jet espiègle et sans esbroufffe, parfois bordélique mais globalement bien inspiré.
Enregistré pour un budget de 500 livres dans leurs propres (et désormais défunts) Jelly Boy Studios, le deuxième album du trio londonien s’ouvre sur le single « Falling Down », redoutable entrée en matière pour un disque qui nous aura plus d’une fois fait songer aux Girls de Christopher Owens : même désinvolture légèrement anxieuse, même penchant pour la mélodie brumeuse et pour l’étalement de guitares spleenétiques (« Victor Lazarro’s Heart »). Plus loin, entre rêvasseries au piano (« The Reel Starts Again (Man As Ostrich) », « Through Windows ») et bouquets de guitares éraflées (« Anna, Lisa Calls », « Bigger Glass Less Full »), Happyness joue sur les contrastes avec un certain aplomb. Commencé sur un coup d’éclat, l’album s’achève paisiblement avec le cotonneux « Tunnel Vision On Your Part », dernier tour de piste hypnotique entamé sur le EP du même nom paru l’an dernier. Sans rien révolutionner, et ce n’était sans doute pas le but recherché, « Write In » s’impose pas à pas, sur un mode « séduction tranquille » qui a récemment fait ses preuves chez Ultimate Painting ou The Proper Ornaments. Le genre de petite chose simple qui, par les temps qui courent, suffit amplement à notre bonheur.