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Disques

Midori Takada – Through the Looking Glass

Midori Takada - Through The Looking Glass

Depuis décembre, je suis devenu un youtubeur… par la faute de Sylvain Chauveau ! Intrigué par la présence d’un album d’un certain Satoshi Ashikawa dans son top VIP (le magnifique « Still Way » sorti dans les années 80 mais véritablement hors d’âge), je me suis baladé, puis perdu avec délices dans les continents numériques du Japon englouti. Première perle pêchée : « Through the Looking Glass » de la percussionniste Midori Takada, produit en 1983 par RCA Japon puis jamais réédité jusqu’à l’an dernier. Si vous n’avez pas une bonne âme défricheuse dans vos réseaux sociaux, ni suivi l’éminent O. Lamm, véritable dernière raison de lire encore (à nouveau ?) Libération, voici l’affaire : c’est de la percussion mais c’est aussi beaucoup d’âme et d’esprit(s) qui sont conviés sur « Through the Looking Glass ».

C’est un Japon luxuriant et coloré comme une toile de Rousseau (sur la pochette et la première piste), rythmé comme des percussions d’Afrique de l’Ouest passées dans le filtre Reichien de Drumming (« Crossing »), aérien comme Totoro perché sur son camphrier magique même si l’ocarina est avantageusement remplacée par une canette de Coca Cola (Midori est certainement tombée sur la tête) pour « Trompe L’Œil », un Japon finalement KurosHawaïen, martial, avec une chevauchée titanesque de Walkyries armées de katana en acier retrempé quinze fois sur « Catastrophe ∑ », un vrai bronx de tambours.

Précision : Mme Takada a enregistré toute seule cet album en deux jours, a surmultiplié ses pistes, choisi avec attention ses emplacements de micros, le tout dans un alliage de maîtrise et d’esprit DIY qui force le respect et qui s’entend dès la première écoute.

Il est inouï de découvrir ses pistes-mondes colorées élaborées avec un piano, un harmonium, des marimbas, des vibraphones, des gongs, ocarina et la canette de coca sus-citée. Je le répète : en deux jours !

On conseillera évidemment d’acquérir la réédition et de ne pas se contenter de streamer comme je l’ai fait depuis un mois en attendant mon colis et ce, pour plusieurs excellentes raisons. D’abord les labels Palto Flats et WRWTFWW font un excellent boulot. En outre, ils ne manquent pas d’humour. Jetons un œil sur les helvétiques (donc proches ! Pensez à vos frais de port !!) WRWTFWW soit We Release What The Fuck We Want : « Territorial Restrictions, – No Sales To Japan. Please note that these release do not include Digital Download ». Ou encore, au sujet des test pressings joliment signés : « This is not for discogs resellers. Resale is strictly forbidden. We Will Hunt You ». Comme si ça ne suffisait pas, ces doux dingues tout à fait charmants, proposent pour « Through the Looking Glass » une édition en double 45 tours gravés à l’Emil Berliner Studios dans l’ancien atelier berlinois utilisé par Deustche Grammophon. Évidemment gravés à partir des bandes d’origines. C’est dire si on est choyé.

Les notes de pochettes sont passionnantes : coups de griffes bien placés sur la musique savante occidentale (par une percussionniste ayant débuté sur la scène Philharmonique Berlinoise, hein), concepts des titres et de l’album, conditions d’enregistrement, réminiscence proustienne…. Du bien bel ouvrage.

Ayant depuis deux jours l’objet sur la platine, et ayant plus qu’abimé mes oreilles sur youtube depuis un mois, se lover dans « Mr Henri Rousseau’s Dream » dans les meilleures conditions d’écoute possible est un régal. La spatialité du morceau est incroyable, les vibrations des gongs sont un délice : une épiphanie douce garantie sans gras, idéale pour votre yoga comme pour votre jogging dominical, suivant les pistes.

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