C’est à un voyage étrange et onirique au milieu des oiseaux que nous invite Erland Cooper en vacances de The Magnetic North et d’Erland And The Carnival avec le superbe Solan Goose.
Les musiques les plus évocatrices sont souvent les plus taiseuses ou les moins bavardes. Erland Cooper l’a bien compris avec ce premier disque solo « Solan Goose ». Le moins que l’on puisse dire avec lui, c’est qu’il est bien difficile de le classer. Tour à tour pop volontiers psychédélique avec Erland And The Carnival, orfèvre des arrangements avec The Magnetic North, ici, il dévoile encore un nouveau spectre de son rayonnement musical. Ce natif des Orcades, cet archipel au nord de l’Ecosse, a quelque part souhaité prolonger son exploration entamée sur le premier disque des Magnetic North, « Orkney Symphony Of The Magnetic North ». Chacun des deux disques de ce projet que l’on pouvait penser récréatif à ses débuts s’avère être en réalité une forme d’analyse ethnologique d’une population, les habitants d’une île et leurs légendes ou la vie au sein d’une communauté anciennement Hippie. « Solan Goose » poursuit cette expérience mais en nous mettant tout au long de ces onze titres comme en suspension au milieu d’un vol d’oiseaux.
Certains y trouveront nombre de points communs déjà entendus ailleurs, mais les plus attentifs prendront vite conscience de l’immense qualité des arrangements de l’ensemble, ce qui place sans aucun doute Erland Cooper parmi les plus grands faiseurs de pièces mouvantes en exercice avec Bill Ryder-Jones. On pourra d’ailleurs jeter quelques ponts entre « If » et ce « Solan Goose ». Pour autant, les propositions musicales restent singulières et uniques.
Assurément, la musique d’Erland Cooper a une volonté évocatrice, d’une transcendance sans enjeu. Ces notes silencieuses ne sont jamais seulement illustratives mais ont cette minéralité des falaises des bords de côtes. On y entendra aussi des celtitudes dilatées et amères.
Bien sûr, l’humeur est ic à la musique classique, la contemporaine en particulier. Piochant du côté de John Luther Adams ou d’Arvo Pärt; elle n’oublie pas la ligne claire immédiate dont elle provient, à savoir la Pop. On pourrait gloser des heures durant sur les merveilles cachées dans ce « Solan Goose ». La voix de la soprano Charlotte Greenhow qui rappellera la dramaturgie presque melo du Max Richter de « Memoryhouse ».
A ceux qui pensent qu’une musique instrumentale aurait plus sa place dans la torpeur intime d’une salle de cinéma, Erland Cooper jette le plus beau des démentis avec cette invitation au voyage et l’élévation. Les îles d’Ecosse n’oont jamais été aussi proches…