C’est un détail qui finit par nous frapper à chaque écoute du nouvel album de Preoccupations, le bien nommé « New Material », les tessitures de la voix du chanteur et bassiste Matt Flegel ressemblent par moment à celles de Patrick Fitzgerald, lui-même chanteur et bassiste du groupe Kitchens Of Distinction. Un détail certes, mais qui veut dire beaucoup pour le fan de rock indépendant datant de la fin des années 80 et du début des années 90. Un détail certes mais qui apporte une belle touche d’humanité au milieu de toutes ces compositions sombres que l’on croirait sorties de quelques étranges rêves électroniques.
Ceux qui braveront le blockhaus anguleux que nous propose la pochette auront droit à un supplément de noirceur avec ces neuf nouveaux titres où l’on plonge dans un abyme de basses prognathes, un déluge de guitares répétitives et de synthétiseurs que l’on imagine modulaires. Les rythmiques sont martiales et la voix transporte ce mélange de résignation et de colère avec la ferveur de ceux qui ont traversé l’ensemble des incertitudes qui peuvent nous ronger. Pourtant, lorsque la cadence ralentit sur les derniers titres, comme l’immense « Doubt » – qui nous rappelle quelques moments sombres du magnifique « From The Lions Mouth » des regrettés The Sound – on prend enfin le temps d’apprécier le songwriting précieux de ces chansons dont les mélodies ont dû maturer un certain temps en studio.
Neuf titres et rien à jeter dans ce nouveau matériel que nous propose Preoccupations, on se surprend même à vouloir écouter ce disque en boucle au fur et à mesure des écoutes, comme si ces mélodies se révélaient à nous passer les clichés du genre. La faute au magnifique « Espionnage » placé en ouverture, qui, il faut bien avouer renvoie gentiment certains groupes comme Interpol à ses études avec ce chef d’oeuvre gorgé de synthétiseurs, d’ambiances sombres et de basses imposantes.