On avait un peu perdu de vue David Eugene Edwards depuis quelques albums de Wovenhand, le “Live at Roepan” sorti en 2012 pour être tout à fait exact. Et c’est presque par le plus grand des hasards que l’on découvre “Risha”, (“Plume” en arabe), n un disque composé en collaboration avec Alexander Hacke, guitariste et bassiste du groupe industriel allemand Einstürzende Neubauten. L’album s’ouvre plutôt calmement avec “Triptych”, où des nappes ambient se marient fort bien avec un arpège de guitare acoustique et la voix spirituelle et thaumaturge de l’ancien frontman de 16 Horsepower.
Il va sans dire que l’ensemble de ces compositions déploient très rapidement une orchestration aux tonalités industrielles, et cela dès le second titre, “All In Palm”. Boites à rythmes répétitives et infrabasses rigoureusement tribales s’installent immédiatement au milieu de ce chaos exponentiel. Le son est parfois survitaminé, l’écriture navigue entre post-punk synthétique et country vaguement psychédélique, et certaines lignes mélodiques trouvent l’inspirations autant du côté des machines électroniques froides que de l’Orient (on se souvient que Hacke avait supervisé l’excellente B.O. de « Crossing the Bridge”, le documentaire de Fatih Akin sur les musiciens d’Istanbul).
On reprend son souffle avec “Teach Us to Pray” et (malgré son titre) “Breathtaker” qui viennent conclure “Risha” sur une note plus contemplative. On y entend des nappes de synthétiseur bourdonnantes, une sorte de mysticisme qui n’est pas sans rappeler “Folklore”, le chef-d’œuvre sombre de 16 Horsepower, premier groupe d’Edwards. On sait que la rencontre entre les deux musiciens date de plusieurs années déjà, mais il aura donc fallu attendre 2018 pour qu’elle se concrétise, par un disque particulièrement aventureux. Une découverte qui mérite beaucoup plus qu’une écoute trop rapide.