La légende vivante de la guitare avant-gardiste japonaise Tetuzi Akiyama et le touche à tout, multi cartes, Hervé Boghossian se connaissent et jouent ensemble depuis des années. Il fallait bien qu’un jour ce travail soit documenté et c’est un label canadien qui s’y colle, Tour de bras. Et on est bien contents de retrouver Hervé Boghossian sur disque, et dans un registre très différent, après « f.e.r », un bel hommage électroacoustique à Eliane Radigue sur Comfront.
Leurs deux jeux se complètent admirablement. Tetuzi Akiyama, tout en espaces, jeu fin et racé, lorgne vers un blues spartiate, un blues art martial, zen. Hervé Boghossian cherche les résonances dans un champ plus folk mais pas du tout bucolique, tout en attaques. Tous les deux sont des instinctifs, des punks minimalistes qui sabotent les structures pour ne garder que des traces expressionnistes.
Les sons satellites et périphériques sont mis en valeur, les cordes sont dures, tendues mais peuvent par moment, rares il est vrai, s’accorder un peu de souplesse. On pense à un Jandek qui accorderait de l’importance à la beauté des sons (Piste 1) ou à un Fahey schizophrène (Piste 5) ou encore à un Led Zep III déglingué, plus violent et agressif (piste 5 encore).
On apprécie aussi les harmoniques qui claquent (piste 14) ou qui évoluent sur des résonnances plus graves (piste 3).
Evidemment ce disque n’est pas à mettre entre toutes les oreilles mais ceux qui aiment les aigus et les stridences, les jeux de guitares possibles mais auxquels on laisse finalement peu de place, les nouvelles façons d’envisager l’espace entre deux accords de blues ou de folk, trouveront de belles plages d’écoute. En attendant de les entendre improviser de concert en ce mois de septembre un peu partout en Europe.