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Concerts

Bill Pritchard, Frantic – Paris, le Nouveau Casino, le 13 juin 2005

BILL PRITCHARD, FRANTIC – Paris, Le Nouveau Casino, Le 13 juin 2005

"You Only Live Twice". A quelques minutes près, c’est par cet extrait de la B.O. du James Bond du même nom que Thomas Deligny (Concorde Music Club), qui officie aux platines en apéritif à la soirée, accueille Bill Pritchard sur scène, peut-être pour galvaniser celui dont il a orchestré le retour inespéré après une longue retraite.
En pleine tournée française en première partie de Daniel Darc, le Britannique saisit le strapontin qui lui est offert en ouverture du concert de Frantic (le projet de François-Olivier Nolorgues, ex-comparse de Thomas Deligny et "tv guy" chez MCM) pour faire sa deuxième apparition sur une scène parisienne depuis son retour, en formation réduite : une ou deux guitares acoustiques, violoncelle, et sa voix. Et cette voix, cela fait très plaisir de la retrouver, intacte, avec son grain inimitable, ses petits gravillons dans une voix d’ange. Si on a loué avec raison la production riche et fine de Thomas Deligny sur le récent "By Paris, By Taxi, By Accident", les quatre titres de l’album que Bill interprète ce soir-là en version "unplugged" montrent qu’il n’a pas perdu son talent pour composer des chansons pop élégantes et mélodiques. Petite madeleine de Proust, un "Tommy & Co", morceau "du siècle dernier, écrit dans les années 40" (dixit Bill) tiré du "Three Months, Three Weeks and Two Days" de 1989, sur lequel Françoise Hardy assurait les chœurs, succède à "Une Parisienne", hommage à peine voilée à la chanteuse. Délicieux, mais trop court. La deuxième vie de Bill mériterait bien quelques concerts en tête d’affiche.

Rupture de style avec l’arrivée sur scène de Frantic, précédé par la diffusion sur un écran au fond de la scène du clip de "Dress Code", la chanson. "Dress Code", l’album, n’est pas encore sorti, mais un grand nombre de spectateurs semble déjà en connaître les airs et les paroles, il n’y a donc pas de round d’observation ; dès que le groupe arrive sur scène, la mayonnaise prend. Même si c’est tendance, il est toujours risqué de faire une mayonnaise avec des œufs vieux au bas mot d’une vingtaine d’années, issus des amours d’une poulette new wave et d’un coq glam rock. Le concert flirte donc parfois avec le racoleur et le mauvais goût – musicalement, les assises des morceaux sont parfois aussi fines que du Modern Talking -, mais reste malgré tout à peu près digeste et, surtout, très jouissif. Dans une débauche d’énergie assez communicative, la troupe de François-Olivier Nolorgues trouve toujours l’argument pour emballer le public, que ce soit un refrain habile ("Dress Code", "Revenge"), un motif de basse au groove efficace, une citation au détour d’un morceau (les Who, New Order ou Depeche Mode), en gros, tout ce qui évite à la musique de Frantic d’être aussi lisse et formatée que la décennie qu’elle évoque. Le groupe déroule donc impeccablement l’intégralité de l’album devant un public conquis. En rappel, François-Olivier revient avec son guitariste pour un reprise acoustique de la scie new-wave d’Human League "Don’t You Want Me", plutôt pas mal, puis tout le groupe reprend deux morceaux déjà joués, accueillis avec toujours autant d’enthousiasme. Rien d’impérissable, bien entendu, mais on n’est sans doute pas là pour ça. Privilège (ou vraie plaie) d’une époque revenue de tout – et surtout des années 80 -, le savant dosage d’ironie et de conviction avec lequel le charismatique Nolorgues se met en scène, avec force grimaces et gesticulations, est sans doute aussi important dans l’appréciation du concert que la musique elle-même. Dress code de la soirée ? Second degré exigé…

Guillaume

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