PAUL THE GIRL – Rennes, Bars En Trans, 9 Décembre 2005
Transmusicales 2005 le "off". Paul the Girl, une Anglaise déjantée envahit le Bon Accueil, endroit dédié d’ordinaire à l’art contemporain. Sûr, c’est une contemporaine, mais on ne sait trop dans quel monde elle vit. Harnachée d’une guitare Gretsch, la chanteuse arrive sur scène (un coin du bar où sont installés quelques micros), et tout de suite elle occupe toute la place. Son caractère affirmé, elle le confirme dès qu’elle ouvre la bouche. Deux trois réglages et c’est parti. Rythmique de guitare samplée qui s’installe. Elle joue de son instrument comme par inadvertance, l’aisance est flagrante (diplômée de guitare classique, ça se sent). Elle y superpose une voix grave et maîtrisée. Elle octavie, sort la petite fille qui est en elle. Elle retombe et ponctue d’un solo saturé. Une voix à la Tori Amos, une pêche de rockeuse. Elle nous plonge dans un univers, le sien, où les femmes se sentent comme des os humains quand leur amant ne les regarde pas, ont du sang sur leurs chaussures, et préfèrent s’en moquer. Elle se moque de tout. Elle joue. Elle joue pour nous, avec nous, nous happe dans une mélodie pop pour repartir sur un solo de blues. Soudain, une reprise d’Iggy Pop, "Penetration", dans la bouche d’une fille, ça fait bizarre. Paul pour une fille, ça fait aussi bizarre. Elle prétend que ça fait norvégien… Personnage atypique, elle se laisse difficilement approcher. Après deux albums sur Arista Records en 1993 et 1995, elle fait sécession et se forge une réputation dans le tout Londres en jouant dans des pubs. "Electro-Magnetic Blues" sort en 2004. Elle est encensée par la critique britannique. Et pas seulement. David Lynch dit déjà d’elle qu’elle est "une des musiciennes les plus douées de Grande-Bretagne".
Oanna Favennec